La start-up minière KoBold Metals, soutenue par Bill Gates, Jeff Bezos et d’autres poids lourds américains, accélère son implantation en République démocratique du Congo (RDC). L’entreprise spécialisée dans l’exploration minière assistée par intelligence artificielle parie sur un rôle central de la RDC dans la transition énergétique mondiale.
Une ambition marquée sur les minéraux stratégiques
Basée à Berkeley, KoBold Metals prévoit d’étendre ses activités à l’exploration de gisements de lithium, de cuivre et de cobalt. Benjamin Katabuka, récemment nommé directeur général pour la RDC, a affirmé que la société envisage des investissements “pouvant se chiffrer en milliards”. KoBold recrute localement et projette de déposer plusieurs demandes de licences d’exploration.
Cette stratégie s’inscrit dans le contexte des discussions entre Washington et Kinshasa pour sécuriser un accord bilatéral sur les minéraux critiques. Le conseiller Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, a confirmé que des pourparlers étaient en cours avec Félix Tshisekedi pour ouvrir davantage la RDC aux capitaux privés américains.
Le poids géostratégique du Congo
La RDC fournit près de 70 % du cobalt mondial, indispensable pour la fabrication des batteries de véhicules électriques. Mais le pays reste confronté à une forte instabilité dans l’est, où des groupes armés, dont le M23, perturbent les activités minières.
Malgré un environnement d’affaires qualifié de “difficile” par Benjamin Katabuka, marqué par une “perception élevée de la corruption”, KoBold entend maintenir des standards éthiques élevés pour ses opérations locales.

Un soutien financier massif
La start-up a levé 1 milliard de dollars depuis sa création, dont 537 millions lors de son dernier tour de table en janvier. Parmi ses investisseurs figurent Breakthrough Energy Ventures (soutenu par Bill Gates et Jeff Bezos) ainsi que Michael Bloomberg.
Parallèlement, plusieurs soutiens financiers de KoBold sont actifs en RDC via leurs fondations : le Bezos Earth Fund a engagé 110 millions de dollars pour la protection du bassin du Congo, tandis que la Fondation Gates finance des programmes agricoles.
Concurrence avec les acteurs chinois
KoBold manifeste aussi un intérêt pour le développement d’un gigantesque projet de lithium actuellement disputé entre l’australien AVZ Minerals et le chinois Zijin Mining. Dans une lettre adressée au gouvernement congolais en janvier, KoBold a évoqué le “potentiel de grande échelle” du site.
Le marché minier de la RDC reste aujourd’hui dominé par les entreprises chinoises. Freeport-McMoRan, dernier grand acteur américain, a quitté le pays en 2016 après avoir vendu sa participation dans la mine de Tenke Fungurume à la CMOC chinoise.

Selon Katabuka, l’État congolais souhaite un rééquilibrage en faveur d’investisseurs occidentaux, mais les défis sont nombreux : infrastructures insuffisantes, manque d’énergie et capacités locales de traitement limitées.
KoBold Metals se positionne à un moment stratégique où les États-Unis cherchent à sécuriser leurs approvisionnements critiques hors de la sphère d’influence chinoise. L’implantation de la start-up en RDC pourrait redéfinir l’équilibre du secteur minier à l’échelle mondiale.
Jolie Kakonde , Grandes Lignes