L’annonce de la disparition de Koyo Kouoh, l’une des figures majeures de la scène artistique africaine, a ému le monde de l’art. Décédée dans la nuit du 9 mai à l’âge de 58 ans, cette curatrice d’origine camerounaise devait être la commissaire de la prochaine Biennale de Venise en 2026, une première pour une Africaine.
Une voix forte pour l’art africain
Née à Douala, au Cameroun, et installée dès l’âge de 13 ans en Suisse, Koyo Kouoh découvre très tôt les défis identitaires liés à son africanité. Après une brève carrière dans la finance, elle se tourne vers l’art, portée par une volonté de valoriser la culture africaine. « Je me suis rendu compte que j’étais Africaine et Noire… Je me retrouvais dans un spectacle dont je n’avais pas de rôle », confiait-elle.
Son parcours la mène à Dakar, où elle s’impose comme une figure centrale de la scène artistique. Entre 1998 et 2002, elle coordonne le programme culturel de l’Institut de Gorée, avant de coprésider les Rencontres photographiques de Bamako et de collaborer avec la Biennale de Dakar. En 2011, elle fonde le Raw Material Company, un centre d’art à Dakar, qui devient une plateforme de réflexion et de création pour les artistes du continent.
Du Raw Material au Zeitz Mocaa
En 2019, Koyo Kouoh prend la direction du Zeitz Mocaa, un musée d’art contemporain africain au Cap, en Afrique du Sud. Elle transforme cette institution en un espace plus inclusif, privilégiant les expositions individuelles d’artistes africains. En pleine pandémie, elle réforme la gouvernance et le programme, affirmant une vision engagée.
Sa reconnaissance dépasse les frontières africaines. En décembre dernier, elle est nommée commissaire de la Biennale de Venise 2026, une consécration pour cette voix libre et audacieuse.
Un héritage fort, une philosophie inspirante
Koyo Kouoh laisse derrière elle un héritage culturel immense. Connue pour son franc-parler, elle n’hésitait pas à défendre la restitution des biens culturels africains pillés. « Il faut rendre, tout simplement. On a dépossédé des peuples de leur génie culturel », affirmait-elle.
Pour elle, l’art était un espace de dialogue, de confrontation et de réconciliation. Et si la mort l’a emportée, son influence continuera de résonner sur la scène artistique africaine et internationale.