Dans un contexte mondial marqué par la baisse des financements internationaux, la Fondation Bill & Melinda Gates a annoncé, mardi 24 juin, un engagement de 1,6 milliard de dollars sur cinq ans en faveur de Gavi, l’Alliance du vaccin. Objectif : consolider les efforts de vaccination dans les pays les plus vulnérables, notamment en Afrique, où les besoins restent immenses.
« Pour la première fois depuis des décennies, le nombre de décès d’enfants dans le monde va probablement augmenter cette année à cause de coupes massives dans l’aide étrangère. C’est une tragédie », a déclaré Bill Gates. « Financer intégralement le Gavi est la mesure la plus efficace que nous puissions prendre. »
Cette déclaration intervient alors que l’administration Trump a annoncé une réduction de la contribution américaine annuelle à Gavi, jusque-là estimée à près de 300 millions de dollars. Un retrait qui fragilise l’ensemble des efforts déployés depuis 25 ans en matière de vaccination et de santé infantile dans le Sud global.
Un acteur clé de la santé en Afrique
Depuis sa création en 2000, Gavi œuvre pour un accès équitable aux vaccins dans les pays à faibles revenus. L’Alliance est aujourd’hui active dans 40 pays africains, où elle joue un rôle crucial dans la prévention de maladies infectieuses majeures.
Selon ses propres chiffres, 469 millions d’enfants ont été vaccinés grâce à son soutien, permettant d’éviter près de 12 millions de décès. Ses campagnes ciblent notamment la rougeole, la poliomyélite, la méningite, le papillomavirus ou encore la fièvre jaune.
Des résultats concrets et des défis persistants
En avril 2025, 20 pays africains ont intégré le vaccin antipaludique à leur programme national, avec l’appui logistique et financier de Gavi. Cette avancée s’inscrit dans une dynamique plus large qui a permis, depuis deux décennies, de freiner ou contenir 21 maladies majeures sur le continent.
Mais les progrès sont aujourd’hui menacés. Les réductions budgétaires, la montée des tensions géopolitiques et les priorités changeantes des bailleurs mettent en péril la pérennité des programmes. Un retrait ou affaiblissement du Gavi risquerait de provoquer la résurgence de maladies maîtrisées, et d’alourdir les charges des systèmes de santé publique africains, déjà fragiles.
Une réponse stratégique à une urgence mondiale
L’engagement massif de la Fondation Gates apparaît donc comme une bouffée d’oxygène pour l’Alliance, qui cherche à lever 9 milliards de dollars pour son cycle de financement 2026-2030. La fondation américaine, déjà un partenaire clé de Gavi depuis ses débuts, veut ainsi maintenir la pression et mobiliser les autres bailleurs internationaux, notamment européens.
En investissant dans la vaccination, c’est l’ensemble des structures sanitaires locales qui sont renforcées, réduisant la vulnérabilité des populations face aux épidémies et contribuant indirectement au développement économique des pays bénéficiaires.