Emmanuel Macron l’a annoncé clairement : la France pourrait franchir un cap décisif en reconnaissant un État palestinien dès le mois de juin. Cette reconnaissance interviendrait à l’occasion d’une conférence internationale que Paris doit coprésider avec Riyad au siège des Nations unies, à New York. L’objectif affiché : poser les bases d’un double mouvement diplomatique et la reconnaissance de la Palestine, mais aussi celle d’Israël par plusieurs pays arabes.
« On doit aller vers une reconnaissance (…) on ira dans les prochains mois », a déclaré le président français dans un entretien diffusé mercredi sur France 5. Cette conférence, coorganisée avec l’Arabie saoudite, pourrait ainsi marquer un basculement diplomatique majeur dans le conflit israélo-palestinien.
Depuis plusieurs mois, la France se positionne comme un acteur central d’un possible “deal global” visant à sortir du blocage historique autour de la solution à deux États. La guerre à Gaza, qui a ravivé les tensions régionales et provoqué une grave crise humanitaire, a accentué l’urgence de trouver une voie politique.
Une dynamique internationale relancée
Paris s’inscrit dans un mouvement diplomatique plus large, amorcé en 2024 avec la reconnaissance de l’État palestinien par l’Irlande, la Norvège, l’Espagne, puis la Slovénie. Près de 150 pays dans le monde ont déjà franchi ce pas.
Pour Emmanuel Macron, cette reconnaissance ne saurait être un geste unilatéral. Elle doit s’inscrire dans un cadre collectif et s’accompagner d’engagements en retour, notamment de la part de pays arabes qui, jusque-là, refusaient de reconnaître Israël. C’est aussi une manière de combattre la rhétorique de ceux, comme l’Iran, qui nient l’existence même d’Israël, selon les mots du chef de l’État.
L’initiative arabe face aux projets unilatéraux
Le président français a profité de sa visite au Caire pour réaffirmer son soutien au plan de paix arabe, porté par l’Égypte et soutenu par plusieurs capitales de la région. Ce plan exclut tout déplacement forcé des populations de Gaza et prévoit une reconstruction sous l’égide de l’Autorité palestinienne, chassée du territoire depuis 2007 par le Hamas. L’objectif est clair : éviter toute tentative de transformation unilatérale de la bande de Gaza.
En creux, Macron répond également à l’initiative controversée de Donald Trump, qui évoque un projet de développement économique à Gaza, assimilé par certains à une vision de type “Riviera du Moyen-Orient”. Une proposition que le président français a rejetée sans détour : « Gaza n’est pas un projet immobilier. »
Trêve, otages et cadre politique
Dans un entretien croisé à La Croix et Libération, Emmanuel Macron a également appelé à un cessez-le-feu immédiat d’une quarantaine de jours pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours. Il s’est aussi prononcé en faveur de la libération d’otages, dont une dizaine seraient concernés par les négociations en cours impliquant l’Égypte, le Qatar et le Hamas.
Conscient que le Hamas ne peut être “éliminé militairement”, il plaide pour une issue négociée, impliquant une sortie des dirigeants du mouvement, en s’appuyant sur des médiateurs régionaux comme le Qatar, l’Égypte ou la Turquie.
Un pari diplomatique risqué mais assumé
Avec cette annonce, Emmanuel Macron prend position dans un jeu diplomatique tendu, entre blocages israéliens, divisions arabes et aspirations palestiniennes. Face au rejet catégorique de la solution à deux États par Benjamin Netanyahu, le président français cherche à imposer une alternative diplomatique multilatérale, s’appuyant sur les Nations unies et sur une dynamique de reconnaissance croisée.