5 Nov 2025, mer

La guerre est là : Israël et l’Iran entrent en zone inconnue

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Reportage croisé entre Téhéran et Tel-Aviv, où la peur s’installe dans les foyers civils, de part et d’autre

Pendant des années, les tensions entre Israël et l’Iran se sont livrées par procuration, loin des capitales. Mais depuis le 13 juin, ce conflit a basculé dans un autre registre. Il n’est plus distant, ni clandestin. Il est devenu direct, immédiat, frontal. Téhéran comme Tel-Aviv sont désormais exposés à la guerre, dans leurs rues, leurs quartiers résidentiels, leurs habitations ordinaires. Les civils se terrent. Les sirènes, les missiles et les décombres dessinent une nouvelle réalité que nul n’osait vraiment imaginer.

Téhéran, frappée dans sa chair

À 3 h 30 du matin, Shahram et sa femme ont prié, cachés sous une table, alors que les murs tremblaient. Enfant de la guerre Iran-Irak, il connaît ce sentiment de peur primaire. Mais cette fois, il n’y avait ni sirène ni abri, seulement le bruit sec des missiles israéliens qui tombaient, et le vertige de se savoir sans protection. Comme lui, des milliers d’Iraniens se sont réveillés dans la stupeur et l’impuissance.

Les frappes ont tué à Téhéran. Parnia Abbasi, poétesse de 23 ans, et plusieurs membres de sa famille. Mehdi Pouladvand, jeune cavalier, anéanti avec ses proches. Parsa Mansour, joueur de padel, n’est plus. Les missiles israéliens visaient des responsables du régime, des scientifiques, mais ont aussi pulvérisé des immeubles civils. L’onde de choc ne fut pas que physique : elle a mis à nu les contradictions internes du pouvoir.

Dans les quartiers chics du nord-est de la capitale, où les fils de dirigeants roulent en BMW, les frappes ont révélé le train de vie réel d’une élite qui prétend incarner la rigueur révolutionnaire. Tandis que les couches populaires encaissent les sanctions, le coût de la vie, la guerre.

Tel-Aviv, soudain vulnérable

De l’autre côté, à près de 2 000 kilomètres, Tel-Aviv, longtemps perçue comme une bulle relativement épargnée, a elle aussi été touchée. Des rues désertées, des impacts visibles, des sirènes qui hurlent. Les abris souterrains sont devenus les seules échappatoires, à condition d’être assez rapides.

Yael Weinreb, cadre dans une start-up, se souvient du moment de l’impact : “Je me suis tournée vers mon mari, et j’ai dit : ‘C’est quoi ce bordel ?’” La scène pourrait être celle d’un film catastrophe. Mais il s’agit du quotidien. Irit, réalisatrice, raconte avoir fui avec ses enfants et son chien dans un parking. À défaut d’un abri officiel.

Une guerre sans échappatoire

La guerre ne fait pas de distinction entre ceux qui la veulent, ceux qui la refusent, ceux qui la subissent. Elle impose une réalité brutale à tous. Les missiles iraniens ont frappé Israël avec une intensité inédite. Les représailles israéliennes ont touché le cœur de l’Iran. Les deux pays, qui jouaient jusque-là sur des fronts extérieurs Yémen, Syrie, Gaza se retrouvent désormais à découvert.

Et dans cette guerre, les civils sont les premières cibles. Non parce qu’ils sont visés, mais parce qu’ils sont vulnérables, parce qu’il n’y a plus de ligne de front, seulement des zones d’impact.

Colère, hypocrisie et désillusion

La population iranienne ne cache plus sa colère face à la duplicité de ses dirigeants. Les appels à la résistance contre Israël résonnent dans les quartiers où l’on vit dans le luxe, loin des abris, loin de la peur. À Téhéran, le contraste entre le discours idéologique et la réalité sociale est devenu intenable.

En Israël, les appels de Nétanyahou à un soulèvement du peuple iranien font peu d’écho. Même chez les opposants au régime. “La démocratie ne descend pas d’un bombardier”, écrit une journaliste iranienne. Les frappes, loin de libérer, resserrent l’étau de la répression, comme l’histoire l’a souvent montré.

La peur comme horizon commun

De chaque côté, les habitants vivent dans une incertitude constante. Les nuits sont longues, les notifications d’alerte angoissantes, les abris parfois inexistants. À Tel-Aviv comme à Téhéran, chacun sait que le pire est peut-être devant. Que la guerre, cette fois, est entrée dans les foyers.

Issac B. Sierra Grandes Lignes

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