Le gouvernement congolais a officiellement annoncé la résiliation du contrat de cession de terres accordé au Rwanda, un accord qui suscitait depuis deux ans controverses et tensions régionales. L’annonce a été faite jeudi 5 juin 2025, dans le cadre de la Quinzaine gouvernementale, lors d’une déclaration qui marque un revirement significatif dans les relations bilatérales entre Brazzaville et Kigali.
Non-respect du calendrier et pression de l’opinion publique
Au cœur de cette rupture, le non-respect par le Rwanda des termes du cahier de charges. Selon les autorités congolaises, le démarrage des travaux prévu avant décembre 2024 n’a pas été respecté par la société Eleveco-Congo SAS, filiale du holding rwandais Crystal Ventures. Ce manquement, conjugué à la vive opposition de l’opinion publique nationale, a conduit Brazzaville à revoir sa position. Une partie significative de la société civile et de la classe politique congolaise dénonçait depuis 2022 ce contrat qualifié de « bail emphytéotique » pour une durée de 20 ans, estimant qu’il fragilisait la souveraineté foncière nationale.
Un accord à forte charge géopolitique
Les craintes exprimées par Kinshasa ont également pesé dans la balance. La République démocratique du Congo (RDC), voisine immédiate, avait dès l’origine réagi avec réserve face à cet accord. L’octroi d’environ 12 000 hectares de terres à une entreprise liée au Front Patriotique Rwandais, dans une zone frontalière au fleuve Congo, avait été perçu comme une menace potentielle pour la sécurité nationale. Kinshasa avait souligné le manque de transparence du processus, l’absence de garanties claires sur la protection des droits fonciers et le risque de déstabilisation dans une région déjà sous tension.
Des projets à fort enjeu économique
L’accord de 2022, signé lors de la visite du président Paul Kagame à Brazzaville, prévoyait huit projets de coopération bilatérale, dont le plus emblématique était ce projet agro-pastoral au ranch Massangui, dans le département de La Bouenza. Un autre volet concernait un investissement de 200 millions de dollars dans la Zone Économique Spéciale (ZES) de Maloukou, à 70 km de la capitale congolaise. Ces projets étaient pilotés par Crystal Ventures, bras économique du régime rwandais, déjà actif dans plusieurs pays africains.