5 Nov 2025, mer

Le discours de Rajoelina sur un « complot étranger » ne calme pas la rue

Le discours de Rajoelina sur un « complot étranger » ne calme pas la rue

Depuis plus d’une semaine, Madagascar est secoué par une vague de manifestations sans précédent, née du ras-le-bol contre les coupures d’eau et d’électricité, et désormais transformée en mouvement politique exigeant le départ du président Andry Rajoelina. Avec au moins 22 morts et des centaines de blessés, la contestation prend une ampleur inédite, au point que le chef de l’État dénonce aujourd’hui une tentative de « coup d’État » orchestrée contre lui.

Un mouvement populaire qui s’amplifie

Parties d’un rejet des pénuries quotidiennes, les manifestations se sont rapidement cristallisées en une mobilisation nationale contre la gouvernance de Rajoelina. Dans la capitale comme dans les grandes villes de province Mahajanga, Toliara, Fianarantsoa, la colère ne s’essouffle pas malgré la répression policière. Les commerces fermés, les grenades lacrymogènes et les affrontements rappellent que la rue malgache reste un acteur politique central.

Les accusations du président

Dans son allocution retransmise sur Facebook, Rajoelina a accusé des acteurs étrangers et locaux d’avoir « payé » le mouvement pour l’évincer du pouvoir, non pas par les urnes mais par la rue. Selon lui, la jeunesse mobilisée, notamment la Génération Z active en ligne, aurait été instrumentalisée avant que des hommes politiques malgaches ne reprennent la main pour transformer la colère sociale en contestation politique. Le président évoque même une « cyber-attaque » et une « manipulation de masse », insistant sur le spectre d’une déstabilisation extérieure.

La rue face à l’État

Ces propos traduisent une double crainte : perdre la maîtrise d’un pays déjà fragilisé par les pénuries et voir sa légitimité contestée au-delà du simple terrain social. Le limogeage du gouvernement, censé calmer les esprits, n’a pas suffi. L’absence de nomination d’un nouveau Premier ministre, alors que le pays attend un signal politique fort, accentue l’impression de vide au sommet de l’État.

Une crise aux résonances régionales

La rhétorique du « coup d’État » n’est pas nouvelle en Afrique, où de nombreux dirigeants confrontés à la rue ou à des grèves générales l’utilisent pour délégitimer la contestation. Mais à Madagascar, où l’histoire politique est marquée par des renversements de pouvoir, la déclaration de Rajoelina prend une dimension particulière. Elle révèle un président acculé, oscillant entre répression, tentative de dialogue et dénonciation de forces occultes.

La crise actuelle illustre l’un des défis majeurs des régimes africains fragiles : comment contenir un mouvement social massif sans basculer dans la violence ou l’autoritarisme, et sans transformer la rue en moteur de transition politique.

Paul Lamier Grandes Lignes (AFP)

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