Léon XIV : de Chicago à Rome, l’itinéraire singulier du nouveau pape

Né dans une modeste maison en briques au sud de Chicago, Robert Francis Prevost, désormais connu sous le nom de Léon XIV, a suivi un parcours peu commun pour devenir le premier pape américain de l’histoire. De la banlieue ouvrière américaine aux vastes plaines du Pérou, puis aux couloirs du Vatican, son cheminement incarne à la fois une vocation spirituelle et un engagement social profond.

Léon XIV : de Chicago à Rome, l’itinéraire singulier du nouveau pape

Image Not Found — John Prevost montre une vieille photo de ses frères, dont le jeune pape Léon, à gauche.

Des racines américaines, une vocation précoce

Robert Francis Prevost grandit dans une famille catholique engagée. Son père, directeur d’école, et sa mère, chanteuse dans la chorale de l’église, lui inculquent dès son enfance des valeurs de service et de foi. Enfant, il joue déjà au prêtre avec ses frères, distribuant des biscuits comme des hosties.

Après des études de mathématiques à l’université Villanova en Pennsylvanie, il choisit la voie religieuse et rejoint l’Ordre de Saint Augustin. Mais au lieu de rester aux États-Unis, il part pour le Pérou, où il se consacre à sa mission.

Chiclayo : le berceau de sa vocation missionnaire

C’est au Pérou, dans la ville de Chiclayo, que Robert Prevost devient une figure incontournable. Pendant deux décennies, il y exerce son ministère, prônant une approche de proximité. Il visite les communautés rurales isolées, lance des programmes de lutte contre la malnutrition infantile, et ouvre une soupe populaire pour les plus démunis.

Sa simplicité et son écoute lui valent la confiance des habitants. « Ceux d’entre nous qui l’ont vu travailler à Chiclayo connaissent son expérience pastorale proche du peuple », explique le père Rafael Fernández, recteur d’université au Pérou.

Mais son action ne se limite pas à l’accompagnement spirituel. Lorsqu’il apprend que l’ordre religieux Sodalitium Christianae Vitae (SCV) est impliqué dans des scandales d’abus sexuels, il n’hésite pas à soutenir les enquêtes, écarter les responsables compromis et transmettre les dossiers au Vatican. Une attitude qui lui vaut autant de respect que d’ennemis.

Retour à Rome : une carrière au service de l’Église universelle

Fort de son expérience au Pérou, Robert Prevost est rappelé à Rome pour diriger l’Ordre de Saint Augustin à l’échelle internationale. Ses responsabilités s’élargissent lorsqu’il est nommé préfet du Dicastère pour les évêques, une fonction stratégique où il supervise la nomination des évêques dans le monde entier.

Sa double identité américain de naissance, latino-américain par sa mission en fait un candidat idéal pour une Église désireuse de renforcer son ouverture internationale. C’est ce profil qui séduit les cardinaux lors du conclave de mai.

Un choix qui transcende les frontières

Lorsque son nom est mentionné parmi les candidats possibles au conclave, même ses proches doutent de ses chances. « Il ne serait jamais choisi parce qu’il était Américain », confie Art Purcaro, un ami de longue date. Pourtant, après deux jours de délibérations, Robert Prevost devient Léon XIV.

Son élection est saluée aussi bien en Amérique du Nord qu’en Amérique latine. « Les États-Unis et l’Amérique du Sud peuvent tous deux le revendiquer », commente Austen Ivereigh, expert du catholicisme.

Un pape entre tradition et modernité

Léon XIV n’est pas un novice en matière de gouvernance. Formé au droit canonique, il sait naviguer dans les complexités des structures ecclésiastiques. Mais c’est son approche humaine qui le distingue.

Proche des populations rurales au Pérou, il a toujours mis en avant l’importance du dialogue et de la compassion. « Il est remarquablement calme. Il sait écouter et prendre des décisions sans se faire d’ennemis », souligne le cardinal Vincent Nichols, qui a travaillé avec lui au Vatican.

Pour ses amis, il reste « Bob », un homme humble, passionné de pizza à pâte épaisse et fidèle à ses origines de Chicago. Mais pour le monde, il est désormais Léon XIV, le successeur de François.

Des défis dès le début de son pontificat

À peine élu, Léon XIV doit faire face à des défis majeurs :

Gestion des scandales d’abus sexuels : fort de son expérience au Pérou, il devra renforcer la transparence et la protection des victimes.
Dialogue avec les communautés LGBTQ+ : bien que traditionnel sur la doctrine, il est attendu sur une parole d’ouverture.
Modernisation de la gouvernance vaticane : en tant que spécialiste du droit canonique, il devra améliorer la gestion des affaires de l’Église.
Relations internationales : ses critiques de l’administration Trump et ses liens avec l’Amérique latine pourraient influencer sa diplomatie.

Une figure inspirante pour les Amériques

Léon XIV incarne un pont entre deux continents. Pour les États-Unis, il est le premier pape issu de leurs terres. Pour l’Amérique latine, il représente la continuité d’un pontificat proche des pauvres, après celui de François.