À peine nommé Premier ministre, Sébastien Lecornu fait déjà face à une offensive de La France Insoumise (LFI). Le groupe de Jean-Luc Mélenchon appelle ses partenaires de gauche à déposer une motion de censure dès la reprise de la session parlementaire. Une stratégie risquée qui ouvre un terrain constitutionnel encore inexploré sous la Ve République.
Une motion de censure immédiate
LFI a annoncé, mercredi, son intention de déposer une motion de censure contre Sébastien Lecornu dès le 1er octobre, jour de reprise des travaux à l’Assemblée nationale. Les Insoumis s’appuient sur l’article 49-2 de la Constitution, qui permet de mettre directement en cause la responsabilité du chef du gouvernement.
Contrairement à ses prédécesseurs, Lecornu n’a pas encore sollicité de vote de confiance. Si une censure intervenait avant la formation complète du gouvernement, seule sa responsabilité personnelle serait engagée, une première dans l’histoire de la Ve République.
Le dialogue social déjà rompu
L’initiative survient après un échange houleux entre le Premier ministre et l’intersyndicale. LFI accuse Lecornu d’avoir ignoré les demandes des syndicats, notamment l’abrogation de la réforme des retraites et l’abandon du programme d’austérité.
Ce climat tendu fait suite aux grandes manifestations des 10 et 18 septembre, où des dizaines de milliers de personnes avaient dénoncé la continuité de la politique économique du précédent exécutif.
Une gauche divisée
Si les Insoumis pressent leurs alliés, le Parti socialiste adopte une ligne différente. Un cadre du PS a exclu de soutenir cette motion dès maintenant, préférant « laisser la porte ouverte » au dialogue. Une stratégie qui rappelle leur refus de s’associer aux premières censures déposées contre François Bayrou en début d’année.
Cette divergence souligne la difficulté pour la gauche d’avancer unie face à l’exécutif, même dans un moment de crise politique.
Au-delà du Parlement, la mobilisation sociale se poursuit. L’intersyndicale prépare une nouvelle journée de grève et de manifestations le 2 octobre. Marine Tondelier, cheffe des écologistes, a déjà annoncé sa participation.
Le sort de Lecornu dépendra donc d’une double équation : l’unité fragile de la gauche et une éventuelle convergence avec le Rassemblement national, indispensable pour atteindre le seuil des voix nécessaires à une censure.
Paul Lamier Grandes Lignes (AFP)












