Le gouvernement libérien fait face à une affaire sensible. Alors que le pays multiplie les efforts pour renforcer les compétences numériques de sa population, une enquête pour détournement de fonds vient ternir un programme phare de formation. Au cœur de la controverse : Abdullah L. Kamara, président par intérim de la Liberia Telecommunications Authority (LTA), suspendu de ses fonctions.
C’est à la suite d’un audit mené par la General Auditing Commission (GAC) que les premières alertes ont été lancées. L’audit met en évidence des irrégularités financières majeures, notamment un détournement présumé de 2,6 millions de dollars dans le cadre d’un programme de littératie numérique censé former 10 000 Libériens aux compétences digitales. Le président Joseph Boakai a immédiatement réagi en écartant Kamara, désormais visé par une enquête ouverte par la Liberia Anti-Corruption Commission (LACC).
Les faits remontent à une période antérieure, lorsque Kamara dirigeait TAMMA Corporation, l’entreprise privée retenue pour mettre en œuvre ce projet. Selon les conclusions de la GAC, de multiples violations du Code des marchés publics auraient entaché l’attribution et l’exécution du contrat. Prestation partielle, dépenses non justifiées, gestion opaque des fonds publics… les accusations sont graves.
Au-delà des chiffres, cette affaire soulève une question de gouvernance : celle des conflits d’intérêts potentiels entre responsabilités publiques et intérêts privés. Elle renforce aussi les appels à un encadrement plus rigoureux des projets numériques au Libéria, dans un secteur en pleine croissance mais encore marqué par des failles institutionnelles.
« Aucun abus de confiance publique ne sera toléré », ont rappelé les autorités dans un communiqué, promettant une tolérance zéro face aux pratiques de corruption. Un signal fort, destiné à rassurer une opinion publique de plus en plus exigeante, mais aussi des partenaires techniques et financiers engagés dans la modernisation numérique du pays.












