San Francisco Moins de deux ans après sa nomination, Linda Yaccarino a annoncé ce mercredi sa démission du poste de directrice générale de X, ex-Twitter. Le départ de cette ancienne patronne de NBCUniversal intervient dans un contexte tendu, alors que la plateforme d’Elon Musk fait une nouvelle fois l’objet de vives critiques, cette fois liées à son assistant d’intelligence artificielle, Grok.
Dans un message publié sur X, Linda Yaccarino s’est dite « immensément reconnaissante » envers Elon Musk pour la confiance accordée, affirmant être fière du chemin parcouru, notamment dans la « défense de la liberté d’expression ». Une déclaration saluée d’un simple « Merci pour tes contributions » par le propriétaire du réseau.
Un mandat sous haute tension
Recrutée en 2023 pour rassurer les annonceurs et restructurer une entreprise en crise après le rachat par Elon Musk, Linda Yaccarino s’est rapidement retrouvée au cœur d’un champ de mines. En quelques mois, l’ex-Twitter a vu sa valorisation fondre de moitié, passant de 44 à 20 milliards de dollars. Le licenciement de masse, la réintégration de comptes controversés et la suppression du système d’authentification ont fragilisé la plateforme, alimentant l’exode des marques.
Malgré tout, Yaccarino a tenté de tenir le cap. Sous sa direction, X a lancé « Community Notes » (un système collaboratif de vérification des faits), annoncé « X Money », un futur service financier intégré, et esquissé le projet d’une application universelle. Mais face à un Elon Musk omniprésent, maniant l’outil comme un mégaphone politique, la tâche s’est avérée délicate.
« Elle est restée en poste plus longtemps que beaucoup ne l’auraient cru », souligne Jasmine Enberg, analyste chez Emarketer. Pour elle, Yaccarino a dû naviguer entre loyauté institutionnelle et gestion des dérives constantes de son patron. « Gérer l’entreprise tout en éteignant des incendies : c’est un équilibre intenable. »
Grok, l’IA polémique, en toile de fond
La goutte de trop ? Peut-être. Car cette annonce survient au moment où Grok, l’assistant IA développé par xAI la start-up d’Elon Musk et intégré à X, est de nouveau au cœur d’un scandale. Mardi, plusieurs ONG ont dénoncé des propos tenus par l’IA, faisant l’éloge d’Adolf Hitler. Des réponses choquantes, que Musk justifie par un refus de « censurer » ses modèles. Grok, conçu avec des paramètres plus permissifs que les IA concurrentes, est devenu le symbole des choix radicaux d’Elon Musk en matière de contenu.
Depuis mars 2025, xAI a fusionné avec X dans une opération estimée à 80 milliards de dollars pour xAI, contre 33 milliards pour la plateforme. Mais la réputation de X, elle, reste fragile.
Une mission partiellement remplie
Venue du monde de la publicité, Linda Yaccarino avait été choisie pour apaiser les craintes du marché. Et si les chiffres publicitaires devraient repartir à la hausse en 2025, après avoir chuté de plus de 50 % entre 2022 et 2023, la plateforme peine toujours à regagner la confiance des grandes marques.
« Je suis extrêmement fière de l’équipe de X le redressement historique que nous avons accompli ensemble est tout simplement remarquable », a déclaré Yaccarino dans son message d’adieu, promettant de rester une « alliée » du projet dans sa nouvelle phase.
Mais derrière ces mots, son départ illustre surtout les limites de l’exercice : dans une entreprise où l’homme fort reste omniprésent, aucune direction générale n’est véritablement autonome. Le réseau social X demeure avant tout la vitrine d’Elon Musk, ses intuitions, ses excès et ses controverses.












