À quelques jours de la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, Kiev et ses alliés européens affichent une solidarité renforcée face aux risques de concessions jugées inacceptables à Moscou.
À la veille du sommet prévu vendredi en Alaska entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, l’Ukraine et plusieurs capitales européennes se sont mobilisées pour rappeler une ligne rouge : la paix ne peut être négociée sans Kiev.
Dimanche matin, sept dirigeants européens parmi lesquels Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz ont publié une déclaration commune affirmant que « la voie de la paix en Ukraine ne peut pas être décidée sans l’Ukraine ». Une prise de position immédiatement saluée par le président Volodymyr Zelensky, qui a exprimé sur les réseaux sociaux sa « reconnaissance à tous ceux qui se tiennent aux côtés de l’Ukraine et de notre peuple » pour défendre « les intérêts vitaux de nos nations européennes ».
Mobilisation diplomatique avant l’Alaska
Cette coordination survient après une intense journée de contacts samedi : M. Zelensky a enchaîné les appels avec des dirigeants européens, tandis que deux hauts responsables ukrainiens rencontraient, près de Londres, leurs homologues américains et européens pour analyser la position de Moscou et défendre les intérêts de Kiev avant le tête-à-tête Trump–Poutine.
L’objectif est clair : éviter que Washington ne négocie seul avec Moscou une issue au conflit, au risque d’imposer à Kiev des concessions jugées inacceptables. L’Ukraine entend également contrer toute tentative russe de dicter les conditions et la structure des discussions futures.
Un langage qui exclut les concessions territoriales
Dans leur déclaration, les dirigeants européens rappellent qu’« aucune négociation significative » ne peut avoir lieu sans cessez-le-feu préalable ou réduction des hostilités une position de longue date de Kiev, rejetée par Moscou. Ils réaffirment aussi leur attachement au principe selon lequel les frontières internationales « ne doivent pas être modifiées par la force » et estiment que la ligne de front actuelle doit servir de base à toute discussion. Ce positionnement revient à écarter implicitement l’idée d’un « échange de territoires » évoquée récemment par Donald Trump.
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a annoncé pour lundi une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères du bloc. « Tout accord entre les États-Unis et la Russie doit inclure l’Ukraine et l’UE », a-t-elle déclaré, soulignant qu’il s’agit d’une question de sécurité pour « l’ensemble de l’Europe ».
Le soutien de l’OTAN
Dimanche, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte a également apporté son appui à Kiev, estimant que la Russie devait reconnaître le droit de l’Ukraine à « décider de son propre avenir géopolitique » et rester une nation pleinement souveraine.
Pour lui, la rencontre de vendredi constituera un test : « Nous verrons à quel point Poutine est sérieux dans sa volonté de mettre fin à cette terrible guerre », a-t-il affirmé sur ABC News.
Des propositions controversées
Selon deux responsables européens, la proposition transmise par Poutine à Donald Trump via l’envoyé spécial Steve Witkoff inclurait la cession à la Russie de l’ensemble du Donbass une région qu’elle ne contrôle pourtant pas entièrement. Samedi, M. Zelensky a de nouveau averti qu’il n’accepterait aucun accord contraignant l’Ukraine à abandonner un territoire non occupé.
« Toutes les décisions prises contre nous, toutes celles prises sans l’Ukraine, sont en même temps des décisions contre la paix », a-t-il martelé. « Elles ne donneront rien. Ce sont des décisions mortes. »
Paul Lamier Grandes Lignes