Face à la montée en puissance des énergies renouvelables et des technologies électriques, le cuivre, métal conducteur par excellence, s’impose comme une ressource stratégique. Pourtant, les signaux d’alerte se multiplient quant à un déséquilibre profond entre l’offre et la demande, au point de mettre en péril certains objectifs climatiques mondiaux.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le déficit d’approvisionnement en cuivre pourrait atteindre 40 % d’ici 2035 si les tendances actuelles se poursuivent. Dans son rapport Global Critical Minerals Outlook 2025, publié le 21 mai, l’AIE dresse un constat préoccupant : le nombre de nouveaux projets miniers ne suit pas la dynamique croissante de la demande.
Des gisements moins riches, une exploration poussive
La pression sur les capacités de production s’explique par plusieurs facteurs. Depuis plus de trois décennies, la teneur moyenne en cuivre des mines existantes a diminué de près de 40 %. En parallèle, la découverte de nouveaux gisements ralentit : seuls 14 nouveaux gisements ont été identifiés au cours des dix dernières années, sur un total de 239 depuis 1990.
Même en cas de découverte, les délais pour entrer en production sont particulièrement longs. L’AIE estime qu’il faut environ 17 ans, en moyenne, pour passer de la découverte à l’exploitation industrielle. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), dans un rapport distinct publié ce mois-ci, confirme cette tendance, en évoquant des délais de 15 à 25 ans selon les régions.
Investissements insuffisants, arbitrages difficiles
L’analyse de la CNUCED souligne la nécessité de lancer environ 80 nouveaux projets miniers d’ici 2030 pour espérer combler l’écart. Cela supposerait des investissements cumulés estimés à 250 milliards de dollars. Pourtant, à ce stade, seuls 180 milliards sont mobilisés à l’échelle mondiale pour sécuriser l’approvisionnement en métaux critiques. Le cuivre représente à lui seul plus d’un tiers du déficit d’investissement.
La réponse envisagée par les institutions internationales inclut l’élargissement du recyclage, la substitution de matériaux, l’amélioration des rendements industriels, ainsi qu’un effort concerté pour simplifier les procédures administratives d’octroi de permis. La CNUCED plaide aussi pour des incitations ciblées à destination des petits opérateurs miniers et un dialogue plus structuré entre les États producteurs et les industriels.
Une équation industrielle à résoudre rapidement
Malgré la convergence des diagnostics, peu d’éléments concrets permettent d’entrevoir une inversion rapide de la tendance. Les investisseurs, prudents, continuent de privilégier des actifs plus liquides ou moins sensibles aux cycles longs de l’extraction minière. Et dans un contexte où les technologies vertes accélèrent leur déploiement des véhicules électriques aux réseaux intelligentsla pression sur le cuivre s’intensifie.
En l’absence de solutions coordonnées à l’échelle mondiale, le scénario d’un goulet d’étranglement sur les marchés du cuivre reste probable. Et avec lui, le risque d’un ralentissement de la transition énergétique, non pas faute de volonté politique, mais faute de matière première disponible.