En 2028, la capitale économique du Bénin accueillera un hôtel Hilton sur l’ancien site du Marriott. Cette reconversion, orchestrée par l’État, illustre une volonté claire de repositionner Cotonou dans le haut du panier des destinations d’affaires et de tourisme premium en Afrique de l’Ouest.
La nouvelle est désormais officielle. Carlos Khneisser, vice-président en charge du développement pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Hilton, a confirmé le 18 juin l’ouverture prochaine d’un établissement de la chaîne à Cotonou, sur l’ancien emplacement du Marriott. Ce projet incarne à la fois le retrait d’une enseigne et l’avancée méthodique du gouvernement béninois dans sa stratégie de montée en gamme hôtelière.
Un repositionnement réfléchi du parc hôtelier
Le futur Hilton Cotonou environ 233 chambres, appartements, centre commercial et espaces événementiels sera exploité sous contrat par Hilton Worldwide Manage Limited. Mais toute la transformation sera financée par l’État béninois via sa société publique, la SDHB. L’objectif est clair : renforcer l’attractivité de la ville pour la clientèle MICE (Meetings, Incentives, Conferences and Exhibitions), qui représente plus de 90 % des nuitées dans les hôtels internationaux de la capitale économique.
Cette opération est aussi un tournant institutionnel. Car la stratégie de l’État dépasse la simple rénovation hôtelière : elle vise à structurer l’offre autour de marques internationales capables de garantir des standards de service, d’attirer des délégations diplomatiques et de séduire des investisseurs étrangers.
Une offre encore sous-développée
Avec l’ouverture du Sofitel Cotonou Marina en 2024 (198 chambres), l’offre hôtelière de la ville a bondi de 23 %, pour atteindre 1 060 chambres toutes catégories confondues. Mais l’offre premium reste faible. Deux établissements seulement sont classés “haut de gamme”, et un seul, le Sofitel, répond aux critères du luxe international. Le Hilton viendra donc combler un vide stratégique, en offrant une alternative solide aux clientèles d’affaires régionales et internationales.
Selon une étude du cabinet Voltere by Egis, le parc hôtelier de Cotonou doit encore croître d’au moins 350 chambres haut de gamme d’ici à 2030 pour répondre aux besoins anticipés. En plus de Hilton, Club Med et Banyan Tree (via sa marque Angsana) préparent de nouveaux projets dans le pays.
Des signaux de marché encourageants
Les performances hôtelières de Cotonou confortent cette dynamique. En 2024, le taux d’occupation des établissements de la ville a atteint 69 % (+3 points), tandis que le revenu par chambre disponible (RevPAR) a progressé de près de 10 %, à 41 756 FCFA. Ce sont des indicateurs rares en Afrique de l’Ouest, qui traduisent un marché en croissance constante et un potentiel encore sous-exploité.
Le contexte macroéconomique joue également en faveur de cette montée en gamme. Le Bénin a affiché une croissance de 7,5 % en 2024, bien au-dessus de la moyenne régionale. La stabilité politique et les réformes structurelles menées depuis 2016 attirent aussi bien les institutions internationales que les capitaux privés.
Une ambition régionale assumée
Au-delà de l’hôtellerie, le projet Hilton s’inscrit dans un repositionnement plus large de Cotonou comme hub diplomatique, économique et culturel. Depuis 2016, plus de 1 milliard d’euros ont été investis dans la modernisation du secteur touristique, incluant infrastructures portuaires, aéroportuaires, hôtelières, muséales et patrimoniales.
Un nouveau plan d’investissement de 797 milliards FCFA (2025–2029) ambitionne de faire passer la part du tourisme dans le PIB de 6 % à 13,4 % d’ici 2030. Avec une stratégie bien définie, des projets ciblés et une volonté politique forte, le Bénin espère faire de Cotonou un pôle incontournable du tourisme d’affaires en Afrique.
Adonis Kanga Grandes Lignes