Ce que l’on sait
Une attaque meurtrière de plus
Le jeudi 18 avril 2025, huit soldats béninois ont été tués dans le parc national du W, au nord du Bénin, lors d’une attaque djihadiste présumée. Deux positions militaires ont été visées dans la zone frontalière dite du « triple point », entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso. L’armée affirme avoir neutralisé 11 assaillants et évacué les blessés. Il s’agit de l’une des attaques les plus violentes depuis le début de l’année.
Une chronologie qui inquiète
- Janvier 2022 : Déploiement de l’opération « Mirador », avec près de 3 000 soldats dans le nord.
- Novembre 2023 : Don de 6,6 millions de dollars en matériel militaire par les États-Unis.
- Janvier 2024 : 28 soldats tués au triple point.
- Février 2025 : Nouvelle attaque à Banikoara, bilan : 6 morts côté armée, 17 terroristes tués.
- Avril 2025 : Huit morts dans le parc du W.
Une stratégie de communication opaque
Selon plusieurs sources militaires et diplomatiques, les autorités béninoises évitent de publier les bilans complets des attaques, afin de préserver le climat sécuritaire et maintenir la confiance des investisseurs et des partenaires touristiques. Une source diplomatique estime à 121 le nombre de militaires béninois tués entre 2021 et fin 2024, un chiffre bien supérieur aux bilans officiels.
Un arc djihadiste en expansion
Le nord du Bénin est devenu une nouvelle zone de front pour les groupes armés venus du Sahel, principalement affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a déjà revendiqué plusieurs attaques sur le territoire béninois. Cette menace gagne aussi le Togo, le Ghana et d’autres pays côtiers.
Des réponses, mais peu visibles
Le gouvernement a renforcé l’armée : 5 000 soldats supplémentaires ont été recrutés depuis 2022. L’Union européenne a débloqué 47 millions d’euros pour soutenir les efforts militaires. Pourtant, la faiblesse structurelle et logistique de l’armée béninoise reste un défi, dans une zone difficile, face à des groupes très mobiles.
Alors que les attaques djihadistes se multiplient dans le nord du Bénin, le silence des autorités intrigue. Derrière cette discrétion : la volonté de préserver l’image d’un pays stable, quitte à minimiser les pertes militaires. Une stratégie risquée face à une menace qui gagne du terrain et remet en cause la transparence et la capacité de riposte des États côtiers d’Afrique de l’Ouest.
Paul Lamier, Grandes Lignes