Après le sommet d’Alaska entre Trump et Poutine, Zelensky cherche à défendre la souveraineté de l’Ukraine face aux pressions pour des concessions territoriales
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu lundi à la Maison-Blanche pour une rencontre à haut risque avec Donald Trump. Aux côtés des principaux dirigeants européens, il tentera de clarifier la position américaine après des discussions en Alaska qui ont soulevé de profondes inquiétudes.
Que s’est-il passé en Alaska ?
Vendredi, à Anchorage, Donald Trump et Vladimir Poutine ont affiché une entente inhabituelle. Le président américain a semblé s’aligner sur la position du Kremlin : privilégier un traité de paix rapide plutôt qu’un cessez-le-feu préalable, au prix de concessions territoriales ukrainiennes, notamment dans le Donbass.
Poutine a promis d’honorer les lignes actuelles du front et de ne pas attaquer à nouveau l’Ukraine ni l’Europe – des engagements déjà formulés par le passé, sans effet durable.
Comment l’Ukraine et l’Europe ont-elles réagi ?
À Kiev, le choc a été atténué par une proposition américaine d’inclure des garanties de sécurité dans un éventuel accord. Pour la première fois, Trump a laissé entendre que les États-Unis pourraient participer à un mécanisme de protection de l’Ukraine, alors qu’il voulait jusque-là laisser ce rôle aux Européens.
Les capitales européennes, elles, ont accueilli froidement les résultats du sommet, dénonçant des positions trop changeantes de Trump. Mais elles notent que le pire a été évité : aucune remise immédiate de territoires à la Russie, et pas de coup d’arrêt à l’aide militaire européenne.
Qui sera présent à Washington ?
Zelensky ne viendra pas seul. Emmanuel Macron, Keir Starmer, Friedrich Merz, Giorgia Meloni, Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte ont confirmé leur présence, dans le but d’empêcher toute marginalisation de l’Europe dans les discussions.
Cette rencontre sera la première de Zelensky à la Maison-Blanche depuis un échange tendu en mars, lorsque Trump et son vice-président JD Vance l’avaient accusé de manquer de gratitude et avaient insisté sur un accord de paix rapide.
Quelle est la situation sur le front ?
Militairement, la Russie a renforcé sa position. Ses forces ont percé les défenses ukrainiennes dans l’est du Donbass, avançant d’une quinzaine de kilomètres. Kiev reconnaît des difficultés à maintenir ses lignes sous la pression d’un adversaire quatre fois plus nombreux en population.
Les pertes sont lourdes : environ 230 000 soldats russes tués depuis le début de la guerre, contre des pertes ukrainiennes estimées à moins de la moitié. Mais Moscou continue de mobiliser, tandis que Kiev peine à élargir sa conscription.
Et maintenant ?
Lundi à Washington, la question centrale sera la suivante : un accord de paix est-il possible sans céder aux exigences russes ? Pour l’Ukraine, accepter un compromis territorial équivaudrait à fragiliser durablement sa souveraineté. Pour l’Europe, il s’agit de préserver sa sécurité collective. Et pour Trump, c’est l’occasion de montrer qu’il peut “faire la paix”, quitte à bousculer ses alliés.
Paul Lamier Grandes Lignes
