9 Août 2025, sam

Paix en RDC : l’UA joue sa crédibilité face à Washington et Doha

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Alors que les États-Unis et le Qatar ont relancé les négociations entre Kinshasa, Kigali et le M23, l’Union africaine coordonne un front diplomatique unifié, mais peine à convaincre après l’échec du processus de Luanda.

Une dynamique diplomatique relancée… sans l’Union africaine

Réunis ce week-end à Nairobi, les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) ont décidé de fusionner leurs mécanismes de médiation sur la crise en République démocratique du Congo. Une initiative présentée comme un pas vers une médiation plus cohérente, désormais placée sous la bannière de l’Union africaine (UA).

Cette réunion régionale intervient dans un contexte diplomatique marqué par la signature de deux accords de principe distincts : l’un entre le Rwanda et la RDC à Washington, l’autre entre Kinshasa et les rebelles du M23 à Doha. Ces ententes, conclues sous l’égide des États-Unis et du Qatar, ont redonné un souffle aux pourparlers de paix mais elles ont aussi marginalisé l’UA, jusque-là incapable de fédérer les protagonistes autour d’un cadre unifié.

Un processus de médiation miné par les échecs passés

Si l’Union africaine espère reprendre l’initiative, elle porte encore les stigmates de l’échec du processus de Luanda, conduit par le président angolais João Lourenço. Durant plus de deux ans, ce dernier a tenté sans succès de rapprocher Félix Tshisekedi et Paul Kagame, dont les relations sont restées figées dans une hostilité mutuelle.

Faute d’avancées, Lourenço s’est retiré, laissant la médiation dans l’impasse. L’UA a désigné dans la foulée un nouveau facilitateur, le président togolais Faure Gnassingbé, dont l’action reste encore invisible. Ce vide diplomatique a permis à d’autres puissances, notamment les États-Unis et le Qatar, d’occuper l’espace et de relancer le dialogue.

Une paix fragile, des accords sous tension

Les accords de principe signés récemment témoignent d’un assouplissement des positions : Kinshasa a accepté d’ouvrir un canal de dialogue avec les rebelles du M23, qui contrôlent de vastes zones du Nord- et du Sud-Kivu. Mais sur le terrain, les avancées tardent à se concrétiser. Le climat de méfiance demeure, les violations de cessez-le-feu se multiplient, et les préparatifs pour une nouvelle phase de négociation, prévue en août, semblent compromis.

La reprise des hostilités à tout moment reste une crainte partagée. Et sans un engagement ferme des parrains du processus, les concessions obtenues pourraient rapidement être remises en cause.

Une UA marginalisée dans sa propre région ?

Dans ce contexte, la volonté de l’Union africaine de redevenir l’actrice centrale du processus soulève de nombreuses interrogations. L’institution continentale peut-elle encore peser, après avoir été mise à l’écart par les puissances extérieures ?

Pour ne pas se contenter d’un rôle symbolique, l’UA devra non seulement faciliter le rapprochement entre Kigali et Kinshasa, mais aussi s’inscrire dans une logique de solution endogène, comme l’ont récemment proposé plusieurs figures religieuses congolaises.

La rencontre entre Paul Kagame et une délégation d’évêques du Congo, autour de la crise sécuritaire, illustre le rôle croissant de la société civile dans la recherche d’une sortie de crise durable. L’UA pourrait s’en inspirer pour reconstruire sa crédibilité, en sortant d’une approche strictement institutionnelle et en s’appuyant sur les leviers locaux.

Le défi de l’efficacité

Dans une région marquée par la multiplicité des médiations et les agendas concurrents, une chose est sûre : la paix ne pourra être imposée de l’extérieur. À l’Union africaine désormais de faire la preuve de sa capacité à coordonner, à incarner un cadre unifié, et à parler d’une seule voix.

Car si Washington et Doha ont certes fait avancer les lignes, ils n’ont pas réglé les causes profondes du conflit. C’est à l’UA qu’il revient de porter cette ambition, à condition de dépasser les erreurs passées, et de ne pas laisser une nouvelle fois la diplomatie africaine se faire doubler sur son propre terrain.

Paul Lamier Grandes Lignes

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