Le président américain évoque un possible “échange de territoires” pour mettre fin à la guerre en Ukraine, au risque de provoquer un tollé à Kiev et en Occident.
Une rencontre au sommet dans le Grand Nord américain
Donald Trump a annoncé vendredi qu’il rencontrerait Vladimir Poutine en Alaska la semaine prochaine, marquant le premier face-à-face entre un président américain et le dirigeant russe depuis 2021. L’objectif affiché : discuter d’un accord de paix pour mettre fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Le lieu choisi n’est pas anodin. L’Alaska, État américain le plus proche de la Russie, avait déjà servi de cadre à des discussions diplomatiques stratégiques, notamment entre Washington et Pékin en 2021.
Un plan de paix controversé
Peu avant d’annoncer la rencontre, Donald Trump a évoqué l’idée d’un “échange de territoires” entre Moscou et Kiev, laissant entendre que les États-Unis pourraient soutenir une solution imposant à l’Ukraine de céder une partie de son territoire.
« Il y aura un certain échange de territoires pour améliorer la situation des deux côtés », a-t-il déclaré, tout en réservant les détails pour plus tard. Cette approche se heurte de front à la position de Kiev, qui refuse catégoriquement toute cession de terres et dont la Constitution interdit au président Volodymyr Zelensky de renoncer à une partie du territoire national.
Les obstacles sur la route d’un accord
Au-delà de la question territoriale, un éventuel accord de paix impliquerait de régler des dossiers épineux : garanties de sécurité pour l’Ukraine, gestion des actifs russes gelés, limites sur les livraisons d’armes occidentales et, potentiellement, réorganisation politique à Kiev.
Moscou exige par ailleurs la reconnaissance de l’annexion de quatre régions ukrainiennes proclamée en 2022, dont certaines restent sous contrôle de l’armée ukrainienne.
De nombreux diplomates estiment que Poutine pourrait chercher à utiliser la diplomatie pour gagner du temps et renforcer ses positions militaires plutôt que de conclure un véritable accord.
Pour Donald Trump, cette rencontre représente à la fois une opportunité et un pari risqué. Depuis son retour à la Maison Blanche, il alterne entre gestes d’ouverture envers Poutine et critiques sur la poursuite de la guerre.
Il avait promis pendant sa campagne de mettre fin au conflit “en 24 heures”, mais se heurte à la complexité des négociations. Plus tôt cette année, il avait publiquement reproché à Zelensky de ne pas exprimer assez de gratitude pour l’aide militaire américaine.
L’annonce de ce sommet intervient alors que son envoyé spécial, Steve Witkoff, vient de rencontrer Poutine à Moscou pour ce que Trump a qualifié de “session très productive”.
Réactions politiques et internationales
L’annonce a été saluée par certains élus républicains. Le sénateur Lindsey Graham a comparé l’initiative à la rencontre Reagan–Gorbatchev, affirmant que Trump quitterait la table s’il estimait l’accord défavorable.
Le secrétaire d’État Marco Rubio a confirmé que Washington avait “une certaine compréhension” des attentes russes, tout en reconnaissant un fossé important avec les demandes ukrainiennes.
En Ukraine, comme dans plusieurs capitales européennes, l’idée d’un échange territorial suscite inquiétude et rejet. L’avenir des négociations pourrait dépendre de la capacité de Trump à convaincre à la fois Poutine… et ses propres alliés.
Paul Lamier Grandes Lignes