L’influenceuse helvético-camerounaise, connue pour ses positions prorusses et récemment sanctionnée par l’Union européenne, vient d’obtenir un passeport diplomatique nigérien et un poste de conseillère spéciale du général Abdourahamane Tiani.
Le geste est lourd de symboles. Mercredi 27 août, Nathalie Yamb a annoncé avoir reçu des mains du chef du pouvoir nigérien, Abdourahamane Tiani, un passeport diplomatique ainsi qu’une nomination officielle comme conseillère spéciale. Surnommée « la chevalière de Niamey », l’activiste affirme que cette reconnaissance illustre « un combat collectif pour la souveraineté et la dignité africaines ».
Une figure militante devenue actrice institutionnelle
Avec plus de 850 000 abonnés sur Facebook et 600 000 sur YouTube, Nathalie Yamb s’est imposée comme l’une des voix les plus influentes du panafricanisme radical. Ses interventions, souvent virulentes contre la France, trouvent un écho particulier dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), où la rupture avec Paris est désormais assumée.
Son entrée officielle dans l’appareil de Niamey confirme la volonté du régime de s’entourer de figures médiatiques capables de porter son discours souverainiste au-delà des frontières.
Des sanctions européennes qui renforcent son aura
Fin juin, l’Union européenne avait frappé Nathalie Yamb de sanctions pour « activités prorusses ». Ses avoirs dans l’UE ont été gelés, et son entrée sur le territoire européen interdite. Une décision dénoncée par les juntes de l’AES, qui y voient une tentative de « museler les voix panafricanistes ».
Loin d’affaiblir son influence, ces mesures ont renforcé son image de « résistante » face à l’Occident. À Niamey, Ouagadougou comme à Bamako, elle est désormais considérée comme un relais politique et symbolique du combat contre ce que ces régimes appellent le « néocolonialisme ».
Une stratégie assumée de l’AES
Nathalie Yamb n’est pas un cas isolé. En 2024, le pouvoir avait déjà octroyé un passeport diplomatique à Kemi Seba, autre militant panafricaniste radical. Ces nominations illustrent une stratégie claire : intégrer des figures médiatiques au dispositif diplomatique et politique, afin de populariser la rupture avec l’Occident et de renforcer le récit d’une Afrique souveraine.
L’AES, qui regroupe le Niger, le Mali et le Burkina Faso, joue désormais cette carte pour consolider son influence idéologique et politique dans la région, au-delà des stricts appareils d’État.
Si cette nomination marque une consécration pour Nathalie Yamb, elle soulève aussi des interrogations. Quelle place réelle occupera-t-elle dans l’appareil décisionnel nigérien ? Son influence médiatique peut-elle se traduire en pouvoir concret ? Enfin, cette alliance avec une figure aussi clivante ne risque-t-elle pas d’accentuer l’isolement diplomatique du Niger vis-à-vis de l’Europe ?
En s’adossant à des voix radicales comme Nathalie Yamb, le pouvoir confirme sa stratégie de confrontation avec l’Occident et de rapprochement avec ses alliés du bloc AES. Mais cette montée en puissance d’acteurs extérieurs au sérail politique classique témoigne aussi d’une fragilité : celle d’un pouvoir qui cherche encore sa légitimité au-delà du cadre militaire.
Paul Lamier Grandes Lignes











