La Chine dénonce des « violations graves » des engagements de Genève, tandis que les États-Unis fustigent des retards dans les exportations de terres rares.
La tension commerciale entre les deux premières puissances économiques du globe repart à la hausse. Lundi, le ministère chinois du Commerce a vivement réagi aux critiques américaines, accusant Washington d’avoir « gravement violé » la trêve commerciale conclue le 12 mai à Genève. Cette déclaration intervient alors que les États-Unis reprochent à la Chine de bloquer l’exportation de minerais critiques pourtant essentiels à leur industrie, et en particulier à leurs chaînes d’approvisionnement en haute technologie.
Une trêve déjà compromise
L’accord de Genève, signé début mai, visait à alléger temporairement les droits de douane élevés jusqu’à 145 % imposés sur les flux bilatéraux de matériaux stratégiques. En retour, Pékin devait rouvrir les vannes de ses exportations de terres rares, ces minerais indispensables à la fabrication d’aimants industriels, de batteries et de composants électroniques avancés. Mais selon des responsables américains, ces engagements n’ont été que partiellement honorés. Le président Donald Trump a même évoqué une « violation totale » de l’accord.
De son côté, Pékin affirme avoir respecté les termes, accusant en retour les États-Unis d’avoir introduit une série de mesures « discriminatoires et restrictives » ayant miné le consensus de Genève. Parmi celles-ci : des restrictions contre Huawei, l’interdiction de ventes de logiciels de conception de puces, et l’annulation de visas d’étudiants chinois.
Le temps des représailles ?
La Chine menace désormais de « mesures fortes et résolues » pour défendre ses « droits légitimes ». Cette mise en garde s’inscrit dans un contexte de crispation plus large autour du contrôle des ressources critiques, alors que les États-Unis multiplient les sanctions commerciales et technologiques contre les entreprises chinoises.
Selon des sources proches du dossier, Washington a à plusieurs reprises exprimé en privé ses inquiétudes au sujet de la lenteur des licences d’exportation délivrées par Pékin. En réponse, la Chine aurait accéléré certains processus une dizaine d’expéditions vers les États-Unis auraient été validées mais des dizaines d’autres demandes resteraient en attente.
Diplomatie incertaine
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a reconnu que les lenteurs pouvaient être d’origine administrative, tout en soulignant qu’elles nuisaient à la fiabilité perçue de la Chine comme partenaire commercial. Il a également pointé les effets de cette politique sur l’Inde et l’Europe, elles aussi dépendantes des exportations chinoises de terres rares.
Un appel entre Trump et Xi Jinping pourrait avoir lieu prochainement, selon plusieurs sources américaines, pour tenter de désamorcer la crise. Mais aucune confirmation officielle n’a été donnée côté chinois.
Conséquences économiques immédiates
Cette escalade verbale a provoqué une baisse des principaux indices asiatiques : le Hang Seng de Hong Kong a perdu 0,8 %, le Nikkei 225 de Tokyo 1,3 %. Le renminbi offshore s’est également affaibli face au dollar. Les Bourses continentales chinoises étaient quant à elles fermées pour cause de jour férié.
Valerie Ndour Grandes Lignes