L’Opep+ a annoncé une nouvelle augmentation importante de la production de pétrole pour juillet, dernier signe en date montrant que l’alliance pétrolière avait l’intention de mettre fin à la première tranche de ses réductions de production de longue date le plus rapidement possible.

Huit membres du groupe producteur, dont l’Arabie saoudite et la Russie, ont annoncé samedi qu’ils augmenteraient leur production totale en juillet de 411 000 barils par jour.

La décision d’accélérer le retour des capacités inutilisées pour le troisième mois consécutif signifie que l’alliance pourrait ajouter jusqu’à 1,4 million de barils par jour au marché mondial entre avril et fin juillet.

Certains des huit pays concernés dépassent leurs quotas, ce qui signifie que l’augmentation finale de la production de l’Opep+ pourrait être inférieure. Mais cette nouvelle offre mettra à l’épreuve la résilience du prix du pétrole, déjà mis à mal par l’incertitude économique générée par les droits de douane imposés par le président Donald Trump.

« L’Opep+ ne se contente pas d’ouvrir les vannes : elle réécrit le scénario », a déclaré Jorge León, ancien employé de l’Opep, aujourd’hui consultant en énergie chez Rystad. « Mai a sonné l’alarme, juin a dissipé tous les doutes et… juillet semble être un canon chargé. »

L’Opep+ restreint l’offre depuis 2022 afin de soutenir les prix. Une réduction de 2 millions de barils par jour pour tous les membres et une réduction volontaire de 1,65 million de barils par jour par huit pays devraient être maintenues jusqu’à fin 2026. Une deuxième réduction volontaire de 2,2 millions de barils par jour a ensuite été introduite par ces mêmes membres. C’est l’ensemble de ces limitations qui est actuellement levé.

Lorsque l’organisation a initialement annoncé son plan de sortie, longtemps retardé, de la réduction volontaire cette année, l’accord prévoyait une hausse progressive d’environ 137 000 barils par jour entre avril 2025 et septembre 2026. Mais au rythme actuel, la totalité des 2,2 millions de barils pourrait être rétablie dès septembre 2025, soit un an plus tôt que prévu.

Ce revirement rapide est en grande partie dû au ministre saoudien de l’Énergie, Abdulaziz ben Salmane, qui estimait que le fardeau des réductions était inéquitable. L’Arabie saoudite supportait l’essentiel des restrictions, tandis que d’autres membres produisaient au-delà de leurs quotas, diluant ainsi l’impact collectif.

Au total, l’Arabie saoudite a réduit sa production d’un cinquième en trois ans, atteignant environ 9 millions de barils par jour son niveau le plus bas depuis 2011, en dehors de la pandémie.

Laisser la production croître, quitte à faire baisser les prix, a aussi permis de se rapprocher de Donald Trump, qui a salué le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane lors d’une récente visite régionale.

Riyad a tenté de restaurer la discipline en acceptant de nouveaux plans de compensation pour la surproduction, mais certains pays, notamment le Kazakhstan, ont ignoré ces directives.

« Cette phase de coupes ne devait pas être revue avant 2027, mais compte tenu du rythme accéléré et de la résilience des prix, une révision plus large des plafonds de production pourrait survenir bien plus tôt », selon Jorge León de Rystad.