Kigali devient le dernier partenaire africain de l’administration Trump dans sa politique d’expulsion, promettant d’intégrer les déportés.
Le Rwanda a accepté de recevoir 250 migrants expulsés des États-Unis, a annoncé mardi la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo. L’accord fait du pays d’Afrique de l’Est le dernier à collaborer avec l’administration Trump, qui cherche à relocaliser des dizaines de milliers de personnes actuellement détenues sur le sol américain.
« Le Rwanda a convenu avec les États-Unis d’accepter jusqu’à 250 migrants, en partie parce que presque toutes les familles rwandaises ont connu les difficultés du déplacement », a déclaré Mme Makolo, insistant sur l’aspect humanitaire de l’initiative.
Une intégration annoncée
Contrairement à d’autres États partenaires, Kigali prévoit de réinstaller les migrants expulsés sur son territoire. Selon le gouvernement, ils bénéficieront d’une formation professionnelle, d’un accès aux soins de santé et d’un logement afin de « démarrer une nouvelle vie au Rwanda ».
Le pays se réserve toutefois un droit de regard sur les personnes qu’il acceptera, précisant qu’il devra approuver chaque profil avant l’arrivée.
Des précédents en Afrique
Le Rwanda n’est pas le premier pays africain à conclure un accord d’accueil avec Washington. En juillet, la Cour suprême américaine a autorisé l’expulsion de huit hommes vers le Soudan du Sud. Le royaume d’Eswatini a accepté cinq migrants le même mois, avant d’annoncer son intention de les rapatrier vers leurs pays d’origine.
Le Rwanda, lui, affiche sa volonté d’intégrer ces nouveaux arrivants, une différence notable dans la mise en œuvre des accords.
Un modèle déjà expérimenté
En avril dernier, l’administration Trump a versé 100 000 dollars à Kigali pour accepter un migrant irakien, selon un câble diplomatique. Les discussions pour accueillir un plus grand nombre de déportés ont commencé dès mai, selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
L’initiative rappelle un autre projet : l’accord conclu en 2022 entre le Royaume-Uni et le Rwanda pour transférer des demandeurs d’asile vers Kigali. Cet accord n’a jamais été appliqué, malgré des centaines de millions de livres dépensées par Londres.
Le Rwanda a également collaboré avec Israël depuis 2013 dans le cadre d’un accord secret, qui a conduit à la réinstallation discrète de demandeurs d’asile hors du pays.
Entre image internationale et critiques
Souvent cité comme exemple de résilience après le génocide de 1994 qui a fait environ 800 000 morts, le Rwanda a bâti une image de stabilité et de redressement. Mais des ONG et défenseurs des droits de l’homme pointent un bilan mitigé en matière de libertés publiques, et s’inquiètent des conditions réelles dans lesquelles les migrants seront accueillis.
Paul Lamier Grandes Lignes