L’étude publiée par le European Council on Foreign Relations (ECFR) dresse un constat sans détour : le président américain Donald Trump cherche à exporter son agenda politique en Europe. Au-delà de la simple diplomatie, il s’agit d’une véritable bataille idéologique visant à remodeler les équilibres transatlantiques.
Une stratégie assumée d’influence
Donald Trump ne se limite pas aux rapports de force commerciaux ou militaires. Selon l’analyste Pawel Zerka, il utilise son discours conservateur centré sur la liberté d’expression et le rejet des normes progressistes comme un instrument d’influence. Ce positionnement s’inscrit dans ce que le chercheur qualifie de « guerre culturelle » : déplacer le centre idéologique de l’Europe vers la droite et orienter les débats autour de thèmes chers à Washington.
L’Europe face à « l’humiliation »
L’étude souligne aussi une dimension plus subtile : l’« humiliation de l’Europe ». Qu’il s’agisse de la guerre tarifaire, des pressions sur l’OTAN ou de la place marginale laissée aux Européens dans les négociations de paix sur l’Ukraine, l’Union apparaît davantage en réaction qu’en initiative. Cette dynamique alimente l’impression d’une dépendance accrue vis-à-vis des États-Unis, au détriment de sa propre autonomie stratégique.
Un sentiment européen toujours fort
Pourtant, l’UE conserve une base solide : la confiance des citoyens. Selon Eurostat, 52 % des Européens expriment aujourd’hui leur soutien au projet commun, un niveau inédit depuis 2007. Les attentes ont aussi évolué : l’Union n’est plus seulement vue comme un marché, mais comme un acteur géopolitique capable de défendre ses valeurs démocratiques face aux menaces extérieures et intérieures.
Les fractures internes comme levier
Donald Trump trouve aussi des relais au sein même de l’Europe. Ses convergences avec certains dirigeants notamment en Hongrie, en Italie et en Slovaquie fragilisent l’unité européenne et renforcent son influence. Pour Pawel Zerka, ce jeu de divisions internes constitue un terrain d’opportunité que Washington exploite avec habileté.
L’enjeu est donc double : Donald Trump tente d’imposer son agenda politique sur l’UE, mais cette offensive met aussi les Européens face à leurs propres contradictions. La question est désormais de savoir si l’Union saura transformer cette pression en occasion pour bâtir une véritable autonomie stratégique ou si elle restera cantonnée au rôle de spectatrice dans le nouvel ordre mondial.
Paul Lamier Grandes Lignes












