Vladimir Poutine, interrogé dans le cadre du film documentaire Russia. Kremlin. Poutine. 25 ans, a déclaré que la Russie n’avait, jusqu’à présent, “pas eu besoin d’utiliser des armes nucléaires” en Ukraine. Il a ajouté espérer qu’il “ne sera pas nécessaire de le faire” à l’avenir, tout en accusant Kyiv d’avoir cherché à provoquer Moscou pour l’entraîner dans l’escalade
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le spectre d’un recours à l’arme nucléaire par la Russie est régulièrement agité, notamment par les chancelleries occidentales. Le Kremlin a toujours rejeté ces craintes, les qualifiant de simples “spéculations”, via son porte-parole Dmitri Peskov. Poutine, de son côté, assure que la doctrine nucléaire russe n’autorise une frappe qu’en dernier recours, tout en rappelant que son pays “est prêt” à faire face à tout scénario.
La Russie a d’ailleurs révisé sa doctrine nucléaire en novembre dernier, étendant les conditions d’usage possible de ses armes atomiques. Moscou continue de présenter l’arme nucléaire comme un outil de dissuasion, mais les marges d’interprétation se sont élargies.
Une paix conditionnée à la reddition ukrainienne
Dans le même entretien, le chef du Kremlin a évoqué la perspective d’un cessez-le-feu. “Malgré toute la tragédie que nous vivons actuellement”, a-t-il déclaré, un accord de paix avec l’Ukraine “est inévitable”, ajoutant que ce n’était qu’une “question de temps”. Il affirme que la Russie dispose des moyens de “mener à son terme” ce qu’elle a entamé en 2022, “avec le résultat dont Moscou a besoin”.
Washington, sous l’impulsion de Donald Trump revenu au pouvoir, aurait intensifié ses pressions sur Moscou et Kyiv pour ouvrir des négociations. Les deux capitales affirment vouloir sortir de la guerre, mais posent des conditions diamétralement opposées.
Le “plan de paix” présenté par Vladimir Poutine en juin 2025 repose sur deux exigences : un engagement ferme de non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, et le retrait total des troupes ukrainiennes des territoires partiellement occupés Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia ainsi que la reconnaissance de ces régions comme russes. Des conditions inacceptables pour Kyiv et ses alliés occidentaux.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a catégoriquement rejeté ce plan, répétant que “l’intégrité territoriale de l’Ukraine n’est pas négociable”. Les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN ont également jugé ces propositions incompatibles avec une paix équitable.
Retour sur 2014 : un aveu stratégique
À la question de savoir pourquoi l’invasion n’a pas eu lieu dès 2014, après l’annexion de la Crimée, Vladimir Poutine a reconnu que la Russie n’était alors “pas prête pour une confrontation directe avec l’Occident”. Il affirme qu’à l’époque, le Kremlin espérait encore pouvoir régler la question du Donbass par la voie diplomatique.
Paul Lamier Grandes Lignes