5 Nov 2025, mer

Qui gouvernera Pékin après Xi Jinping ?

Qui gouvernera Pékin après Xi Jinping

À 72 ans, l’homme fort de Pékin reste solidement installé au pouvoir. Mais la question de son successeur devient inévitable et pèsera autant sur la politique intérieure que sur les choix militaires et diplomatiques de la Chine.

L’empreinte de Xi sur la Chine

Depuis son arrivée à la tête du Parti communiste chinois (PCC) en 2012, Xi Jinping a façonné la Chine à son image : un régime centralisé, autoritaire et marqué par la personnalisation du pouvoir.

Il a mené une vaste purge interne au nom de la lutte contre la corruption, écarté ses rivaux, restreint la société civile et renforcé l’appareil répressif. Sous sa direction, l’armée a été modernisée et restructurée, et l’État a repris la main sur des pans entiers de l’économie.

Sur le plan international, Xi a accentué l’affirmation de Pékin : déploiements militaires dans le détroit de Taïwan, expansion en mer de Chine méridionale, rapprochement avec Moscou malgré la guerre en Ukraine. Tout indique que son « ère » marquera durablement l’histoire de la Chine contemporaine.

Le dilemme des régimes autoritaires

Mais un régime bâti autour d’un seul homme se heurte inévitablement à une question sensible : qui prendra la relève ?

En Chine, la succession a toujours été un moment de turbulence. À la mort de Mao, son héritier Hua Guofeng fut rapidement marginalisé. Deng Xiaoping a lui-même écarté plusieurs successeurs avant de s’imposer comme arbitre incontesté. Plus récemment, Hu Jintao avait tenté une transition ordonnée en se retirant entièrement au profit de Xi, mais ce dernier a rétabli un modèle beaucoup plus personnel du pouvoir.

Dans un tel système, choisir un successeur est un exercice à haut risque : un héritier trop faible est balayé, un héritier trop fort devient une menace pour celui qui l’a désigné. Xi devra donc trouver un équilibre entre la loyauté, la compétence et la capacité à survivre dans les arcanes du Parti.

L’armée, faiseuse de rois

L’histoire du PCC montre que l’Armée populaire de libération (APL) joue un rôle clé dans les transitions. Mao, affaibli, avait demandé au maréchal Ye Jianying de soutenir Hua Guofeng. Deng s’est appuyé sur ses alliés militaires pour marginaliser ses rivaux et installer sa propre autorité.

Xi l’a bien compris : dès son arrivée au pouvoir, il a consolidé ses liens avec les hauts gradés, lancé des purges au sein de la Commission militaire centrale (CMC) et réorganisé la hiérarchie militaire pour s’assurer de la loyauté des forces armées. Le successeur désigné, quel qu’il soit, devra lui aussi bénéficier de ce soutien implicite, faute de quoi il sera vite fragilisé.

Un héritier introuvable ?

À ce jour, aucun des sept membres du comité permanent du Politburo ne semble remplir le profil idéal.

  • Li Qiang, Premier ministre, aura plus de 70 ans en 2032, un âge avancé pour un potentiel successeur.
  • Cai Qi et Wang Huning sont proches de Xi mais presque aussi âgés que lui.
  • Ding Xuexiang, plus jeune, n’a jamais dirigé de province ni acquis d’expérience de gouvernance de terrain, ce qui limite sa crédibilité.

Parmi les membres du Politburo élargi, Chen Jining, secrétaire du Parti à Shanghai, est l’un des rares profils prometteurs (61 ans). Mais il lui faudrait être propulsé rapidement au sommet pour se préparer. Une promotion trop tardive ferait de lui un dirigeant âgé et donc fragile, comme ce fut le cas pour plusieurs héritiers soviétiques après Brejnev.

Les risques d’une transition chaotique

L’absence de successeur clair alimente déjà les rumeurs : complots, rivalités internes, hypothèses de coup d’État. Si Xi venait à disparaître brutalement, une lutte de clans éclaterait entre civils, militaires et services de sécurité. La Constitution prévoit que le comité central désigne le secrétaire général, mais dans les faits, un petit cercle de hauts responsables et de généraux pèserait sur le choix.

Le scénario idéal pour Xi serait de désigner un héritier suffisamment tôt pour lui permettre de se construire une base de pouvoir, sans menacer son autorité immédiate. Mais chaque année qui passe sans choix clair accroît l’incertitude et le risque d’instabilité.

La succession de Xi n’aura pas seulement des conséquences internes. Elle pourrait influencer la politique extérieure de la Chine, en particulier sur le dossier Taïwan. Xi a demandé à son armée d’être prête à une opération d’ici 2027. Le sentiment que le temps lui est compté pourrait renforcer sa tentation de recourir à la force pour sceller son héritage.

L’histoire chinoise rappelle aussi que les successions ont parfois débouché sur des aventures militaires risquées : en 1979, Deng avait lancé la guerre contre le Vietnam pour consolider son pouvoir. Pékin pourrait être tenté de suivre une logique similaire.

Une équation ouverte

À l’approche du congrès du PCC prévu en 2027, les regards se tournent vers Pékin. Si Xi poursuit son mandat jusqu’en 2032, il aura l’occasion de préparer un successeur. Mais pour l’instant, aucun nom ne s’impose. Un choix trop tardif ou trop contesté pourrait précipiter le Parti dans une lutte de factions.

La question n’est pas seulement « qui remplacera Xi Jinping ? », mais surtout comment se déroulera la succession. L’avenir de la Chine sa stabilité intérieure, son économie et ses ambitions militaires dépendra de ce processus. Plus Xi tarde à désigner un héritier, plus le risque est grand de voir Pékin confronté à des turbulences comparables à celles qui ont suivi la fin de Mao.

Paul Lamier Grandes Lignes

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