Alors que les combats persistent dans la région du Nord-Kivu, l’organisation Amnesty International accuse les rebelles du M23 de graves exactions à l’encontre de civils détenus. Détentions arbitraires, tortures, meurtres et disparitions forcées sont documentés dans un rapport publié ce 27 mai.
L’ONG pointe directement la responsabilité du M23 dans la mort de plusieurs détenus civils, arrêtés sans procédure légale puis enfermés dans des conditions qualifiées d’inhumaines. « Ces actes violent le droit international humanitaire et peuvent constituer des crimes de guerre », alerte Amnesty dans son communiqué.
Tortures, exécutions sommaires et cellules insalubres
Les témoignages d’anciens prisonniers décrivent des scènes de violence extrême. Certains affirment avoir vu deux codétenus tués à coups de marteau, un autre abattu d’une balle en pleine tête. Tous évoquent des tortures infligées à l’aide de câbles électriques, de tiges de bois ou de courroies métalliques.
Outre la brutalité, les conditions de détention sont alarmantes. Les cellules sont surpeuplées, dépourvues de soins, de nourriture et d’accès à l’eau. Plusieurs détenus seraient morts à cause de la promiscuité et de l’absence d’assistance médicale.
L’ONG évoque aussi des cas de disparitions forcées. Des familles cherchant leurs proches ont été repoussées ou informées qu’aucune détention n’avait lieu, alors que certains témoins confirment le contraire.
Un contexte de guerre prolongée
Le M23, groupe rebelle majoritairement tutsi actif dans l’Est de la RDC, est l’un des quelque 100 groupes armés présents dans cette région frontalière du Rwanda. Depuis janvier 2024, les affrontements se sont intensifiés : après avoir pris Goma, les rebelles ont conquis Bukavu en février.
Le conflit a déjà déplacé plus de 7 millions de personnes selon les dernières estimations, dont 100 000 cette année. Malgré l’annonce d’une trêve entre les FARDC et le M23, les combats n’ont pas cessé.
Des experts de l’ONU estiment que le mouvement bénéficie du soutien de près de 4 000 soldats rwandais. Le M23 se dit prêt à marcher vers Kinshasa, à plus de 1 600 kilomètres à l’ouest.