Trois ressortissants américains, initialement condamnés à mort pour leur participation à une tentative de coup d’État en République démocratique du Congo, ont vu leur peine commuée en réclusion criminelle à perpétuité, a annoncé mardi soir la présidence congolaise.
Parmi eux figure Marcel Malanga, fils du défunt opposant politique Christian Malanga, tué par les forces de sécurité congolaises lors de l’assaut armé mené le 19 mai 2024 à Kinshasa. Les deux autres, Tyler Thompson et Benjamin Zalman-Polun, étaient respectivement un ami de lycée de Marcel Malanga et un proche associé de son père. Les trois hommes avaient été arrêtés peu après une attaque spectaculaire, diffusée en direct sur les réseaux sociaux, au cours de laquelle les assaillants avaient approché les abords du palais présidentiel.
Au total, 37 personnes avaient été condamnées à mort en septembre 2024 pour leur implication dans cette tentative de renversement du pouvoir. Mais les trois Américains, qualifiés de « bénéficiaires d’une grâce individuelle » par Tina Salama, porte-parole du président Félix Tshisekedi, ont échappé à l’exécution.
Une décision à portée diplomatique
Cette décision judiciaire intervient dans un contexte diplomatique sensible. Confronté à une crise sécuritaire majeure dans l’Est de son territoire, le gouvernement congolais cherche à renforcer ses liens avec les États-Unis, dans l’espoir de contenir l’influence régionale du Rwanda, accusé de soutenir militairement le mouvement rebelle M23.
Depuis plusieurs mois, le M23 mène une vaste offensive militaire, s’emparant de villes stratégiques et forçant des centaines de milliers de civils à fuir leurs foyers. Kinshasa, qui réclame une condamnation ferme de Kigali par la communauté internationale, espère un soutien diplomatique renforcé de la part de Washington.
En février dernier, lors d’un entretien avec le New York Times, le président Félix Tshisekedi s’était dit prêt à offrir aux États-Unis un accès privilégié aux ressources minières congolaises en échange d’un soutien accru sur le plan sécuritaire. Plusieurs observateurs y avaient vu une tentative explicite d’attirer Washington dans le rapport de force régional, face à un Rwanda que la diplomatie américaine a longtemps ménagé.
Des dossiers judiciaires sous surveillance
La situation des trois citoyens américains a également suscité l’attention des autorités américaines. Adam Boehler, l’envoyé spécial du président Trump pour les affaires d’otages, a laissé entendre en mars dernier que le traitement de ces dossiers pourrait influencer les relations bilatérales.
Les États-Unis n’ont pas encore commenté officiellement la commutation des peines, mais plusieurs organisations de défense des droits de l’homme s’étaient inquiétées du traitement judiciaire des accusés, en particulier de l’absence de garanties procédurales lors du procès.
En décidant d’alléger les peines des trois Américains sans pour autant les libérer, Kinshasa semble vouloir préserver l’équilibre entre sa ligne sécuritaire intérieure et ses intérêts diplomatiques extérieurs. Un message à double détente : la fermeté reste de mise, mais l’ouverture au dialogue international n’est pas exclue.