C’est à Washington, sous l’égide conjointe des États-Unis et du Qatar, que la République démocratique du Congo et le Rwanda ont paraphé un texte préliminaire destiné à ouvrir une voie vers la paix. L’accord, rendu public le 18 juin, intervient après plusieurs mois de tensions militaires et politiques croissantes entre les deux voisins. Sa signature officielle est prévue pour le 27 juin.
Ce rapprochement diplomatique survient dans un contexte particulièrement tendu dans l’est de la RDC. Le M23, groupe armé bien connu dans la région, a relancé ses offensives depuis le début de l’année, reprenant le contrôle de plusieurs zones stratégiques dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Goma et Bukavu, deux grandes villes frontalières, sont depuis début 2025 sous le joug du mouvement, qui y a établi ses propres structures de gouvernance.
Kinshasa n’a cessé de dénoncer l’implication militaire directe du Rwanda derrière cette progression du M23, des accusations soutenues par plusieurs chancelleries internationales. Kigali rejette ces accusations, affirmant que sa présence dans la région vise uniquement à contenir les FDLR, une milice hutu issue du génocide de 1994, toujours active dans l’est congolais.
Un compromis issu de tractations discrètes
L’accord en cours de finalisation est le fruit de plusieurs jours de négociations menées dans un cadre confidentiel à Washington. Des discussions techniques ont été encadrées par des émissaires américains, dont la secrétaire d’État adjointe Allison Hooker, et se sont déroulées dans un climat décrit comme « constructif » par les parties prenantes.
Le contenu du document esquisse plusieurs axes d’engagement : respect des frontières, fin des hostilités, retrait des groupes armés, désarmement, et intégration partielle des combattants dans les forces nationales sous conditions. Kinshasa et Kigali ont, dans une déclaration conjointe, salué le rôle de la médiation américaine et qatarie, qu’ils jugent déterminante pour relancer un dialogue régional.
Une dynamique fragile dans un contexte explosif
Sur le terrain, la réalité reste extrêmement préoccupante. Les combats ont déplacé des centaines de milliers de civils et causé de lourdes pertes humaines. Le sous-sol congolais, riche en coltan et autres minerais stratégiques, reste au cœur de luttes d’influence internationales. D’après la BBC, Kinshasa aurait proposé à Washington un accès privilégié à certaines ressources minières en échange de son soutien diplomatique.
Malgré l’avancée symbolique que représente ce texte, beaucoup s’interrogent sur son application concrète. Depuis plus d’une décennie, l’Est congolais reste une zone instable où les accords successifs peinent à modifier durablement les équilibres armés.
Avec cet accord préparatoire, un nouveau chapitre s’ouvre peut-être. Mais seule sa mise en œuvre effective pourra confirmer s’il marque le début d’un apaisement durable ou s’il ne sera qu’un épisode de plus dans un cycle de crises récurrentes.