Sanae Takaichi s’apprête à écrire une page inédite de l’histoire politique japonaise. Élue le 4 octobre à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), formation dominante depuis près de 70 ans, cette conservatrice de 64 ans devrait devenir la première femme Première ministre du Japon à la mi-octobre. Une révolution politique dans un pays encore très marqué par le patriarcat et la tradition.
Une victoire symbolique dans un parti masculin
Succédant à Shigeru Ishiba, démissionnaire, Sanae Takaichi a remporté au second tour le scrutin interne du PLD face au populaire Shinjiro Koizumi, 44 ans, ministre de l’Agriculture. Son élection intervient dans un contexte délicat pour le parti, affaibli électoralement et fragilisé par la montée d’une droite populiste incarnée par le mouvement Sanseito, dont le discours anti-immigration séduit une partie des jeunes électeurs.
« Plutôt que de me sentir heureuse, je ressens surtout le poids de la tâche à accomplir », a-t-elle déclaré, appelant ses troupes à « travailler ensemble pour redresser le PLD et le Japon ».
Nationaliste assumée et fidèle de Shinzo Abe
Proche du défunt Premier ministre Shinzo Abe, dont elle reprend l’héritage idéologique, Sanae Takaichi incarne la droite nationaliste japonaise. Elle prône un renforcement militaire face à la Chine et à la Corée du Nord, ainsi qu’une sécurité économique accrue pour protéger les industries stratégiques. Sur le plan diplomatique, elle s’est dite prête à renégocier certains accords commerciaux avec Washington qu’elle juge défavorables.
Connue pour ses positions tranchées, elle estime que le Japon doit « reconsidérer ses politiques migratoires » et renforcer les restrictions sur la propriété foncière étrangère.
Une femme de pouvoir aux accents de Margaret Thatcher
Derrière cette figure autoritaire, une personnalité atypique : ancienne batteuse d’un groupe de heavy metal pendant ses années universitaires, Takaichi se revendique ouvertement comme une admiratrice de Margaret Thatcher, la « Dame de fer » britannique. Elle se voit comme une dirigeante capable de combiner fermeté économique et patriotisme politique.
Entre défis économiques et mutation sociale
Si sa victoire symbolise une avancée pour les femmes japonaises, son mandat s’annonce semé d’embûches. Le pays fait face à une dette publique record, à une économie en perte de vitesse, et à un vieillissement démographique sans précédent. Sa capacité à gouverner un Japon en mutation, tiraillé entre traditions et modernité, sera le véritable test de son leadership.
Adonis Kanga Grandes Lignes












