L’absence remarquée des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES) regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger lors de la cérémonie d’investiture du président gabonais Brice Oligui Nguema n’est pas passée inaperçue. Elle traduit plus qu’un simple choix diplomatique : c’est un signe fort de la ligne politique que ces régimes militaires souhaitent incarner.
Depuis leur prise de pouvoir, les dirigeants de l’AES ont affiché une volonté claire de rompre avec l’ordre ancien, notamment les alliances historiques avec la France et les institutions régionales ou internationales perçues comme inféodées à une logique néocoloniale. Le retrait de ces États de la CEDEAO, leurs rapprochements avec d’autres puissances comme la Russie, ou encore leur rhétorique anti-impérialiste répétée illustrent cette trajectoire assumée.
Ne pas répondre à l’appel du Gabon un pays qui, malgré son changement de régime, conserve encore une forte empreinte française pourrait bien symboliser cette volonté de tourner la page de toute proximité avec les sphères francophones traditionnelles.
Les présidents de l’AES ont néanmoins choisi d’être représentés, confirmant une posture diplomatique mesurée mais distante.
Paul Lamier Grandes Lignes