10 Août 2025, dim

Sommet de l’OTAN : Trump impose ses priorités, l’Europe encaisse

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À La Haye, les 24 et 25 juin 2025, les dirigeants de l’OTAN se sont réunis pour un sommet au format resserré, largement dominé par la présence et les exigences du président américain Donald Trump.

Officiellement dédié aux questions de défense collective, ce rendez-vous a tourné presque exclusivement autour du nerf de la guerre : les budgets militaires. Trump, auréolé de sa récente opération militaire en Iran (« Midnight Hammer »), a exigé des Européens un effort sans précédent : consacrer 5 % de leur PIB à la défense et à la sécurité d’ici 2035.

Un sommet calibré pour éviter l’excès de Trump Contrairement aux formats classiques, celui de La Haye s’est limité à un dîner, un petit-déjeuner protocolaire et trois heures de discussion. Objectif : éviter tout dérapage du président américain, connu pour ses saillies imprévisibles. Selon Camille Grand, ancien numéro deux de l’OTAN, cette stratégie de containment diplomatique visait à « canaliser Trump autour de son obsession principale : les dépenses militaires ».

Objectif 5 % : un totem plus qu’un consensus Le chiffre de 5 % n’est pas sorti du chapeau présidentiel. Il résulte d’une évaluation interne de l’OTAN sur les besoins pour affronter les menaces actuelles. L’idée : 3,5 % du PIB pour les dépenses militaires directes, 1,5 % pour les investissements en sécurité au sens large (cybersécurité, logistique, mobilité militaire). Trump s’en est emparé pour en faire une preuve de sa capacité à forcer la main à ses alliés. Il a immédiatement présenté le sommet comme « une victoire historique pour l’Amérique ».

Mais du côté européen, les réactions sont bien plus nuancées. Seuls les pays baltes et la Pologne ont déjà franchi ce seuil, souvent sous la pression directe de Moscou. À l’inverse, des pays comme l’Espagne (1,28 %) ou la Belgique sont loin du compte. La France (2,06 %) ou le Royaume-Uni peinent déjà à respecter leurs engagements actuels.

Silences diplomatiques et déséquilibres latents Pour obtenir une signature collective sur ce nouvel objectif, plusieurs dossiers sensibles ont été écartés. L’Ukraine, pourtant au cœur des tensions entre l’OTAN et la Russie, a été réduite à un symbole. Zelensky a été reçu en marge, sans être associé aux discussions centrales. Aucune livraison d’armes supplémentaires n’a été annoncée, et la perspective d’une adhésion à l’OTAN reste en suspens.

Autre point d’ombre : la présence militaire américaine en Europe. Si celle-ci constitue l’épine dorsale de la défense du continent, aucune clarification n’a été donnée sur sa pérennité. L’administration Trump a simplement promis des annonces « dans les prochaines semaines », renforçant les inquiétudes quant à un éventuel désengagement unilatéral.

Entre stratégie de campagne et prudence européenne Pour Trump, ce sommet est une opération de communication réussie. Il y gagne un argument fort à faire valoir auprès de son électorat : celui d’un président qui tient tête à l’Europe et impose ses vues. Sans envoyer un seul soldat de plus, il obtient un engagement chiffré qui place les alliés dans une position inconfortable.

Côté européen, on a privilégié la temporisation. Une clause de révision a été intégrée à l’horizon 2029, offrant un répit stratégique. Cette date pourrait marquer la fin d’un éventuel second mandat de Trump et, pour beaucoup, un espoir de revenir à un fonctionnement plus collégial de l’Alliance.

Une Alliance en équilibre précaire À première vue, l’OTAN sort unie de ce sommet. Mais il s’agit d’une unité de façade, reposant sur des engagements budgétaires qui restent à concrétiser, et sur des non-dits politiques majeurs. Les fractures internes persistent : entre Est et Ouest, entre partisans d’un renforcement et gouvernements contraints par des équilibres budgétaires fragiles.

Le sommet de La Haye aura permis de gagner du temps, sans trancher aucune des grandes questions : le sort de l’Ukraine, l’avenir de la dissuasion nucléaire partagée, ou encore le maintien des forces américaines en Europe. Dans une Alliance plus que jamais sous pression, l’équation reste entière : jusqu’où les Européens peuvent-ils aller sans l’assurance d’un engagement durable des États-Unis ?

Derrière la rhétorique triomphante de Trump, c’est une OTAN prudente et fragilisée qui tente de préserver sa cohésion dans un monde devenu plus instable que jamais.

Paul Lamier Grandes Lignes

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