Prévu le 7 avril à l’Accor Arena de Paris, le concert “Solidarité Congo”, événement caritatif au profit des enfants victimes du conflit à l’Est de la RDC, n’aura finalement pas lieu à la date initialement annoncée. Après plusieurs semaines de pressions exercées par des associations rwandaises et de vives réactions diplomatiques, les autorités françaises ont exigé son report, invoquant un risque de troubles à l’ordre public.
Le préfet de police pose un ultimatum
C’est le préfet de police Laurent Nuñez qui a formellement demandé aux organisateurs de choisir une nouvelle date, en raison de la coïncidence symbolique avec la Journée internationale de commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda, célébrée chaque 7 avril. Dans une publication sur les réseaux sociaux, il a averti qu’en l’absence de changement, le concert serait interdit.
Face à cette menace, les organisateurs ont annoncé le report de l’événement, exprimant à la fois leur regret et leur sens des responsabilités :
« Cette décision nous est imposée par les autorités administratives. Ce n’est que partie remise », ont-ils précisé sur Instagram, promettant de communiquer une nouvelle date prochainement.
Un revers symbolique pour Kinshasa
Cet épisode est perçu comme une victoire diplomatique pour Kigali, qui a su mobiliser autour de cette date hautement symbolique. De son côté, la RDC, dont les relations avec le Rwanda sont au plus bas, voit un espace d’expression solidaire lui échapper, dans un contexte de guerre larvée dans l’Est du pays.
Le 7 avril marque le début du génocide de 1994, durant lequel au moins 800 000 personnes, majoritairement Tutsis, ont été tuées au Rwanda. Les organisations rwandaises estimaient que maintenir un événement festif à cette date serait une offense à la mémoire des victimes.
L’UNICEF se retire, la Ville de Paris s’oppose
L’affaire a pris une tournure encore plus politique après la publication d’une lettre datée du 10 mars, dans laquelle la Ville de Paris demandait également l’interdiction de l’événement au préfet de police.
L’UNICEF, partenaire pressenti pour recevoir les bénéfices du concert, s’est désolidarisé du projet, affirmant qu’il était inconcevable d’associer une action caritative à une journée de deuil aussi lourde historiquement.
Un contexte régional explosif
Ce report intervient alors que les violences dans l’Est de la RDC se sont intensifiées ces derniers mois, notamment avec la reprise des combats contre le M23, un groupe armé soutenu militairement par le Rwanda, selon l’ONU. Plus de 100 000 personnes ont été déplacées au cours des trois derniers mois. Ce conflit, enraciné dans les conséquences régionales du génocide rwandais, reste non résolu depuis près de trois décennies.
Dans cette bataille de narratifs, la France a préféré la prudence diplomatique, au risque d’être perçue comme ayant cédé aux injonctions de Kigali, alors que Kinshasa espérait mobiliser à travers un événement de grande portée.
Pour l’instant, aucune nouvelle date n’a été fixée pour le concert “Solidarité Congo”.