Alors que les États-Unis s’apprêtent à imposer une vague massive de droits de douane sur près de 60 pays, les gouvernements étrangers se bousculent pour éviter le choc. Appels de chefs d’État, délégations d’urgence, propositions de concessions tarifaires : c’est une véritable campagne diplomatique éclair qui s’est mise en place pour tenter d’influencer Donald Trump.
Voici les points clés à retenir sur la nouvelle guerre commerciale mondiale en gestation.
1. Une stratégie américaine offensive et assumée
• Donald Trump impose des droits de douane allant de 10 % à 40 %, calculés en fonction du déficit commercial bilatéral des États-Unis.
• Une taxe supplémentaire de 10 % sur tous les produits importés est entrée en vigueur samedi dernier.
• Le président a clairement indiqué : pas de retour en arrière tant que les déséquilibres commerciaux ne sont pas corrigés.
2. Une diplomatie tarifaire à sens unique
• Trump affirme que des négociations sont possibles, mais à des conditions strictes, et seulement si les pays ciblés font des « offres substantielles ».
• Plusieurs chefs d’État se sont entretenus directement avec Trump, parmi lesquels ceux d’Israël, du Japon, du Vietnam et de Taïwan.
• Les pays qui ont obtenu une exemption jusqu’à présent : le Mexique, le Canada et la Russie — notamment grâce à des efforts de coordination diplomatique en amont.
3. L’Europe tente d’éviter l’affrontement, sans succès
• L’UE a proposé la suppression réciproque des droits de douane sur les voitures et produits industriels, mais Trump a rejeté l’offre comme insuffisante.
• Bruxelles prépare déjà une liste de contre-mesures commerciales, notamment dans l’acier, l’aluminium, et potentiellement les géants technologiques.
• Un vote des États membres est prévu le 10 avril, pour une mise en œuvre progressive à partir du 15 avril.
4. L’Asie sous pression : riposte ou soumission ?
• Le Vietnam, cible d’un tarif de 46 %, a envoyé une délégation et proposé des baisses tarifaires unilatérales.
• Le Cambodge (49 %), la Thaïlande (36 %) et les Philippines ont également annoncé des réductions tarifaires sur les produits américains, espérant calmer la tempête.
• La Chine, seule à riposter frontalement, s’expose à une nouvelle hausse de 50 % des droits de douane américains à compter du 9 avril.
5. Un signal politique mondial : Trump dicte la norme
• Ces annonces montrent que Trump entend imposer un rapport de force commercial unilatéral, même avec des partenaires stratégiques.
• L’administration envoie des messages ambigus : certains conseillers (Navarro) se montrent inflexibles, d’autres (Bessent) assurent que des négociations sont possibles.
• Le résultat : une incertitude généralisée sur la fiabilité des règles du jeu commercial international.
6. Le paradoxe des alliés
• Des alliés historiques comme l’Allemagne, la Corée du Sud ou le Japon, investis massivement aux États-Unis, n’ont pas été épargnés.
• Les efforts diplomatiques japonais n’ont pas suffi à éviter un tarif de 32 %, malgré un dialogue bilatéral intensif. • Les partenaires idéologiques de Trump, comme Israël ou la Hongrie, ne sont pas nécessairement protégés non plus.
Le nouveau cycle protectionniste lancé par Donald Trump bouscule les certitudes du commerce mondial, poussant chaque pays à négocier seul, en urgence, et sous pression. Si certains obtiennent des exemptions à la marge, l’ordre économique multilatéral semble céder la place à une diplomatie du chantage tarifaire.
Prochaine échéance : le 15 avril, date à laquelle l’Union européenne pourrait lancer sa première salve de contre-mesures. Le signal envoyé par Trump est clair : il ne s’agit plus de libre-échange, mais de rapports de force.