Sanctionné pour corruption et longtemps interdit de séjour aux États-Unis, Teodorin Obiang a bénéficié d’une dérogation exceptionnelle de l’administration Trump. Officiellement pour assister à l’Assemblée générale de l’ONU, ce voyage révèle les calculs géopolitiques de Washington en Afrique centrale.
Une rencontre officielle à Washington
Le vice-secrétaire d’État américain Christopher Landau a reçu à Washington le vice-président équato-guinéen, Teodorin Nguema Obiang, fils du président Teodoro Obiang. Selon un communiqué du Département d’État, les deux responsables ont discuté du renforcement des liens commerciaux et économiques, de la coopération sécuritaire et de la lutte contre l’immigration illégale. Washington a insisté sur la volonté commune de « prendre des mesures concrètes » pour élargir la relation bilatérale.
Une dérogation qui interroge
Ce déplacement a été rendu possible grâce à une suspension temporaire des sanctions américaines pour corruption, qui empêchaient jusque-là Teodorin Obiang d’entrer aux États-Unis. La décision, révélée début septembre par l’Associated Press, aurait été motivée par des considérations stratégiques : contrer l’influence croissante de la Chine en Guinée équatoriale et préserver les intérêts américains dans le secteur du pétrole et du gaz.
Accusé d’avoir détourné les ressources de son pays pour financer un train de vie extravagant, Teodorin Obiang est régulièrement visé par des procédures judiciaires internationales. Villas somptueuses, voitures de luxe et superyachts ont été saisis en France, aux États-Unis et ailleurs. Son image de « prince des excès » contraste avec la réalité d’un pays où la richesse pétrolière profite peu à la population.
Entre realpolitik et contradictions
La dérogation lui a permis de voyager au-delà de New York, notamment à Washington, Miami et Los Angeles, où il détient des biens immobiliers et des véhicules, certains déjà saisis lors d’enquêtes. Cette flexibilité contraste avec la ligne dure de Washington sur d’autres dossiers : la même administration a refusé des visas à des dirigeants de l’Autorité palestinienne, et restreint l’accès à l’ONU à plusieurs délégations, dont celles de l’Iran, du Venezuela et du Soudan.
En toile de fond : le pétrole et la Chine
Cette décision illustre la priorité géopolitique des États-Unis en Afrique centrale : sécuriser leur influence dans un pays riche en hydrocarbures, alors que Pékin renforce sa présence diplomatique et économique en Guinée équatoriale. Pour Teodorin Obiang, ce voyage représente une victoire symbolique sur la scène internationale ; pour Washington.
Paul Lamier Grandes Lignes












