Sous pression, le Japon redessine ses équilibres stratégiques.
L’alliance sécuritaire entre le Japon et les États-Unis a longtemps été un pilier de stabilité en Asie-Pacifique. Mais depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, Tokyo ne cache plus ses doutes. Le président américain dénonce une relation « déséquilibrée », et son administration mêle frontalement sécurité et économie, fragilisant un partenariat historiquement solide.
Un partenaire jugé “à sens unique”
Tokyo, pourtant partenaire fidèle, n’est plus sûr de pouvoir compter sur le parapluie militaire américain. Malgré les assurances du Pentagone, les propos de Trump sur la nature « unilatérale » de l’alliance ont semé le trouble. Le Japon craint un désengagement progressif, ou à tout le moins une instrumentalisation de son alliance dans le cadre de négociations commerciales ou géopolitiques.
Une interdépendance commerciale piégée
Les tensions douanières imposées par Washington pénalisent fortement les secteurs clés de l’économie japonaise : automobile, acier, agroalimentaire, électronique. Malgré une chaîne d’approvisionnement mondialisée, les produits japonais restent dans le viseur tarifaire américain, y compris ceux relocalisés en Asie du Sud-Est.
Vers une diplomatie économique plus active
Face à l’incertitude américaine, Tokyo se tourne vers d’autres partenaires. Coopération accrue avec l’OTAN, relance des discussions commerciales avec la Chine et la Corée du Sud, et renforcement des accords multilatéraux dans l’Indo-Pacifique. Le Japon veut diversifier ses leviers tout en se prémunissant contre les ruptures brutales.
Un rééquilibrage sans rupture
Le Japon ne rompt pas avec les États-Unis, il s’adapte. Le budget de la défense augmente, les investissements américains sont facilités, et la coopération bilatérale continue. Mais en parallèle, Tokyo se repositionne en acteur stratégique autonome, capable de naviguer entre Pékin et Washington, entre loyauté historique et réalignement pragmatique.
En cherchant à « rentabiliser » ses alliances, l’administration Trump pousse ses partenaires à se réinventer. Le Japon en est l’illustration. S’il reste un partenaire fiable, il ne veut plus être un partenaire dépendant.
Paul Lamier, Grandes Lignes