La Guinée a validé à 89,38 % une nouvelle Constitution lors du référendum du 21 septembre, selon les résultats provisoires. Présenté comme l’acte fondateur du retour à l’ordre constitutionnel, le scrutin ouvre surtout la voie à une candidature du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, quatre ans après avoir renversé Alpha Condé. Avec un taux de participation annoncé à 86,42 %, les autorités affirment avoir tenu une consultation « apaisée et sécurisée », malgré les accusations de « mascarade » lancées par l’opposition.
La fin d’un verrou politique
La nouvelle loi fondamentale remplace la charte de transition qui interdisait aux militaires de briguer la magistrature suprême. En disparaissant, cette clause clé laisse la porte grande ouverte à une candidature de Mamadi Doumbouya à la future présidentielle. L’omniprésence du chef de la junte dans la campagne du « oui » affiches, rassemblements, slogans a confirmé cette intention.
Contestation réduite au silence
Si le vote s’est déroulé sans heurts majeurs, c’est dans un contexte marqué par une répression implacable. Partis politiques et médias indépendants suspendus, manifestations interdites depuis 2022, arrestations d’opposants, exils forcés, disparitions inquiétantes : la junte a verrouillé l’espace public. Le camp du « non » n’a pu faire entendre sa voix, tandis que les forces de sécurité, déployées massivement, ont assuré un climat de contrôle total.
Le référendum répond à une double exigence. Sur le plan interne, il conforte Doumbouya dans son rôle d’homme fort et prépare sa légitimation par les urnes. Sur le plan externe, il offre un signal aux bailleurs et à la communauté internationale, en quête d’un calendrier électoral crédible. Officiellement, des législatives et une présidentielle doivent se tenir avant la fin de l’année, mais aucune date n’a été fixée.
Une transition prolongée ?
En s’octroyant la possibilité de se présenter, Mamadi Doumbouya brouille la promesse initiale de ne pas se maintenir. La nouvelle Constitution, loin d’être une simple étape technique vers un retour à la démocratie, semble redessiner les règles du jeu au profit du pouvoir militaire. Le scrutin, massivement encadré et célébré comme une « aspiration profonde du peuple », apparaît plutôt comme une transition verrouillée, dont l’issue semble déjà écrite.
Paul Lamier Grandes Lignes (AFP)












