5 Nov 2025, mer

Trump donne 72h au Hamas pour capituler

Trump donne 72h au Hamas pour capituler

Gaza, Washington, Tel Aviv. En dévoilant leur plan de cessez-le-feu, Donald Trump et Benjamin Netanyahu n’ont pas simplement présenté une proposition diplomatique : ils ont posé un ultimatum. Ou le Hamas accepte leurs conditions désarmement, retrait du pouvoir, libération d’otages ou Israël aura « le feu vert pour terminer le travail ». Derrière ce langage martial, c’est une redéfinition du rôle des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien qui se joue, avec en toile de fond la volonté de Trump de redevenir le maître d’œuvre de l’ordre au Proche-Orient.

Une proposition… sans négociation

Lundi, à la Maison Blanche, Donald Trump s’est affiché aux côtés de Benjamin Netanyahu pour présenter un plan de cessez-le-feu unilatéral, conçu sans concertation avec le Hamas ni l’Autorité palestinienne. Le président américain l’a qualifié de « tournant historique », mais les termes sont clairs : le Hamas a 72 heures pour remettre tous les otages (vivants ou morts), sous peine de subir une offensive encore plus brutale de l’armée israélienne.

En contrepartie, Israël libérerait 1 950 prisonniers palestiniens. Si les otages sont rendus et les combattants du Hamas désarmés, une amnistie serait accordée aux membres déposant les armes, mais le Hamas serait exclu de tout rôle politique dans la future administration de Gaza.

Pas d’État palestinien à l’horizon

Sur la question centrale de la souveraineté palestinienne, le plan reste flou. Il évoque une « aspiration légitime », mais aucun calendrier, aucun engagement clair vers un État palestinien n’est prévu. Ce flou alimente la colère et le rejet du Hamas, qui affirme n’avoir été ni consulté, ni informé.

« Personne ne nous a contactés », a déclaré Taher al-Nounou, haut responsable du mouvement, qui voit dans cette démarche une tentative d’imposer une reddition masquée.

Un gouvernement provisoire sous supervision américaine

La nouveauté majeure du plan est la création d’un « Conseil de la paix », composé de personnalités internationales, présidé par Donald Trump lui-même, pour gérer la reconstruction de Gaza.

L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair ferait partie de ce comité, chargé d’administrer le territoire jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne soit jugée “suffisamment réformée” pour reprendre le pouvoir.

Trump, qui vante régulièrement les « opportunités immobilières » de Gaza, n’a pas caché son ambition d’en faire un projet de réaménagement économique. « Ils ont abandonné l’océan », a-t-il lancé, ironisant sur la position géographique de la bande de Gaza, à ses yeux mal exploitée.

Israël déterminé à “finir le travail”

Le Premier ministre israélien n’a pas mâché ses mots. Si le Hamas rejette l’offre, « Israël terminera le travail par lui-même », a martelé Netanyahu, affirmant que le plan américain permettait à l’État hébreu de remplir ses « objectifs de guerre ».

Il a aussi confirmé qu’Israël conserverait une zone tampon militaire à l’intérieur de Gaza pour une période indéfinie. En clair : le retrait israélien ne serait ni total, ni rapide.

Une paix conditionnelle… à sens unique

Pour de nombreux observateurs, ce plan n’est ni équilibré, ni durable. Il ne traite pas des causes structurelles du conflit, ignore les revendications nationales palestiniennes et repose presque entièrement sur l’exclusion du Hamas.

« Ce n’est pas un cessez-le-feu jetable, c’est le paquet complet, avec Donald Trump au sommet », résume Aaron David Miller, ancien négociateur américain. Le chercheur Elliott Abrams, proche des milieux néoconservateurs, estime quant à lui que le Hamas n’a désormais plus d’alternative.

Le piège diplomatique se referme

En proposant un cadre sans place pour le Hamas, Trump verrouille la porte à toute négociation réelle. Il offre à Israël un chèque en blanc pour intensifier la guerre à Gaza, tout en s’érigeant en acteur central de la reconstruction une posture qui pourrait séduire une partie de l’électorat américain, à quelques mois de l’élection présidentielle.

Mais cette approche pourrait aussi creuser les divisions internationales, affaiblir la légitimité d’un processus de paix déjà vacillant et, à terme, déboucher sur une occupation prolongée de Gaza sous une nouvelle forme.

Le plan Trump-Netanyahu ne constitue pas une feuille de route pour une paix durable, mais une pression maximale sur le Hamas et une tentative de contrôle politique et économique sur l’avenir de Gaza. L’État palestinien reste une promesse lointaine, et la paix, une monnaie d’échange dans une guerre où la diplomatie se fait désormais par menaces.

Paul Lamier Grandes Lignes

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