L’annonce est tombée le 22 mai. Le gouvernement américain a décidé de suspendre la certification du programme SEVIS de l’université de Harvard, interdisant ainsi à l’établissement d’accueillir des étudiants étrangers à compter de la rentrée 2025. Une mesure qui menace le statut de près de 6 700 étudiants internationaux, et qui ouvre un nouvel épisode dans le bras de fer engagé depuis plusieurs mois entre Donald Trump et l’université emblématique de la Ivy League
Le Département de la Sécurité intérieure, dirigé par Kristi Noem, a notifié cette révocation dans une lettre adressée à la direction de Harvard, justifiant sa décision sans dévoiler d’éléments concrets. Les étudiants détenteurs de visas F ou J devront être transférés vers d’autres établissements pour conserver leur statut. L’impact serait immédiat : perte d’attractivité, atteinte à la réputation, et coup dur pour les finances de l’université.
Une pression ciblée et assumée
Depuis le début de son mandat, Donald Trump s’en prend régulièrement aux universités jugées trop indépendantes ou critiques envers sa politique. Harvard n’échappe pas à cette stratégie. En plus de cette suspension, l’université a vu disparaître 2,6 milliards de dollars de subventions fédérales, s’est vu privée d’exonérations fiscales représentant 465 millions de dollars par an, et pourrait bientôt être soumise à une taxe de 21 % sur ses revenus, contre 1,4 % actuellement.
Ces manœuvres s’inscrivent dans une volonté affichée de remodeler le paysage universitaire en exerçant une pression financière directe. Les étudiants internationaux, qui paient souvent leur formation au tarif fort, représentent une part importante des revenus de Harvard, rendant la mesure encore plus sensible.
Riposte judiciaire immédiate
En réponse, l’université a déposé plainte le 23 mai devant le tribunal fédéral du Massachusetts. Elle dénonce une « tentative de représailles » du gouvernement visant à remettre en cause sa gouvernance, son autonomie pédagogique et la liberté d’expression garantie par le Premier amendement. En parallèle, Harvard rejette l’ultimatum du gouvernement, qui exige dans un délai de 72 heures les données liées aux activités présumées « illégales » de ses étudiants étrangers sur les cinq dernières années.
Ce bras de fer entre la Maison Blanche et l’université pourrait marquer un précédent, alors que les tensions entre pouvoir exécutif et institutions académiques semblent atteindre un nouveau palier.