Lecture 05 min. Publié le 22 octobre 2025
Annoncée avec éclat, la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Budapest semble s’éloigner. La Maison Blanche a indiqué mardi qu’aucune entrevue « n’était prévue dans un avenir immédiat », contredisant ainsi le président américain, qui promettait encore récemment une rencontre « dans deux semaines environ ». Un rétropédalage révélateur des tensions persistantes entre Washington, Moscou et Kyiv, à l’heure où les négociations de paix peinent à trouver un terrain commun.
Un virage diplomatique soudain
Il y a moins d’une semaine, Donald Trump affirmait vouloir « mettre fin à cette guerre sans gloire » en Ukraine. L’annonce d’un sommet à Budapest, ville choisie pour sa neutralité et son ancrage pro-russe, avait été saluée par Moscou et observée avec prudence par les Européens.
Mais ce mardi, la Maison Blanche a refroidi les attentes : la rencontre n’aura pas lieu « dans un avenir proche ».
Ce recul tient autant aux divergences persistantes sur les termes d’un cessez-le-feu qu’à la complexité logistique d’un sommet à haut risque. Selon des sources américaines, les discussions préliminaires entre le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ont révélé de « profondes divergences ».
Kyiv garde sa ligne, Moscou campe sur ses positions
Du côté ukrainien, la ligne reste inchangée : un cessez-le-feu uniquement sur les positions actuelles, considéré comme le point de départ d’éventuelles négociations.
Moscou, au contraire, refuse tout arrêt des hostilités sans obtenir de garanties sur ce qu’elle appelle les « causes profondes » du conflit : le rejet de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, la fin des sanctions occidentales et la reconnaissance de ses gains territoriaux.
Autrement dit, les conditions posées par le Kremlin rendent toute trêve improbable à court terme.
Trump, qui avait promis un règlement rapide dès son retour à la Maison Blanche, se heurte ainsi à la dure réalité d’une guerre où chaque partie cherche à consolider ses positions avant de négocier.
Le casse-tête du calendrier diplomatique
Le plan initial prévoyait une première rencontre entre Rubio et Lavrov avant la fin de la semaine, en marge du sommet européen de Bruxelles consacré à la défense et à l’Ukraine.
Mais selon des médias américains, cette étape pourrait être reportée, faute d’accord sur un ordre du jour commun.
Les diplomates américains craignent également que le Kremlin ne transforme la future rencontre de Budapest en démonstration politique, plutôt qu’en véritable négociation de paix.
Pour Moscou, en revanche, maintenir l’idée d’un futur sommet reste un levier diplomatique. Vladimir Poutine veut se montrer ouvert au dialogue tout en accusant l’Europe de « bloquer » les discussions, comme l’a encore affirmé Sergueï Lavrov mardi, dénonçant les « pressions occidentales » sur Kyiv.
Un contexte européen tendu
Au sein de l’Union européenne, la prudence domine. Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont rappelé leur attachement à « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et mis en garde contre « toute négociation qui reviendrait à légitimer les conquêtes russes ».
Mais l’idée d’un cessez-le-feu, même temporaire, séduit certains États membres, inquiets du coût énergétique et militaire d’un conflit sans fin.
Moscou, de son côté, accuse l’Europe d’utiliser cette pause pour « réarmer Kyiv ».
Une accusation classique du Kremlin, alors même que la Russie intensifie ses frappes sur les infrastructures ukrainiennes à l’approche de l’hiver.
Pour Donald Trump, ce contretemps diplomatique illustre les limites de sa méthode directe et de son rapport personnel au pouvoir.
S’il affiche toujours sa volonté de jouer le rôle d’arbitre entre Moscou et Kyiv, le président américain doit désormais composer avec un appareil diplomatique méfiant et une opinion publique lassée de la guerre.
La « rencontre de Budapest » pourrait encore avoir lieu mais plus tard, et dans un contexte plus incertain.
Entre illusion d’un rapprochement et réalités géopolitiques, la diplomatie trumpienne se heurte, une fois encore, à l’épreuve du réel.
Adonis Kanga Grandes Lignes












