Une nouvelle taxe sur les envois d’argent, adoptée dans le budget fédéral américain, pourrait affecter durement les pays africains.
Adoptée au Sénat le 3 juillet dernier dans le cadre du projet de loi budgétaire baptisé One Big Beautiful Act, la mesure prévoit une taxe fédérale de 1 % sur les transferts d’argent effectués par des non-citoyens américains. Présentée par l’administration Trump comme un outil de dissuasion migratoire, cette disposition doit entrer en vigueur en 2026. Elle vise officiellement à financer le renforcement des effectifs de la police de l’immigration et le durcissement du contrôle des frontières.
Un coût direct pour les diasporas africaines
Concrètement, un envoi de 1 000 dollars sera grevé d’environ 60 dollars de frais cumulés : plus de 5 % de commissions appliquées par les organismes de transfert, et désormais 1 % de taxe fédérale. Les seules exceptions concernent les envois destinés à financer des études, sous condition de présentation de justificatifs à l’administration fiscale américaine.
La mesure inquiète de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, où l’argent des diasporas représente une source essentielle de revenus extérieurs. Selon la Banque mondiale, près de 56 milliards de dollars ont été transférés vers l’Afrique subsaharienne en 2024, dont 10 milliards en provenance des États-Unis.
Le Nigeria capte à lui seul 5,7 milliards de dollars, et dans certains pays comme le Libéria, les envois de fonds depuis les États-Unis représentent près de 20 % du PIB.
Un effet domino mondial
L’impact ne se limite pas à l’Afrique. Des pays comme Haïti (15 % du PIB) ou la Jamaïque (19 %) reposent massivement sur les transferts des diasporas. En Amérique latine, le Guatemala, le Honduras ou encore le Salvador dépendent eux aussi de ces flux, cruciaux pour l’équilibre économique et social local.
Même des géants comme l’Inde, première bénéficiaire mondiale des transferts de fonds, sont touchés. Les envois de la diaspora y représentent environ 3,5 % du PIB, selon la banque centrale indienne.
Une double peine pour les pays les plus fragiles
Cette taxe intervient alors que plusieurs pays du continent sont déjà affaiblis par la suspension de l’aide américaine au développement via l’Usaid, décidée en 2024. Elle risque donc de frapper de plein fouet les populations les plus dépendantes des soutiens extérieurs, dans un contexte global d’inflation et de ralentissement économique.












