L’ancien président américain ambitionne de négocier un accord historique entre Alger et Rabat sur le Sahara occidental. Son équipe promet « un deal d’ici 60 jours », malgré des relations diplomatiques rompues entre les deux voisins depuis 2021.

Après le Moyen-Orient, Donald Trump veut désormais s’illustrer au Maghreb. Dimanche soir, Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain, a confirmé sur CBS que l’équipe Trump travaillait sur un accord entre le Maroc et l’Algérie visant à mettre fin à un demi-siècle de tensions autour du Sahara occidental.

Aux côtés du gendre du président, Jared Kushner, déjà artisan des accords d’Abraham, Witkoff a annoncé un objectif audacieux : « Un deal aura lieu d’ici 60 jours ».

Un pari diplomatique risqué

Le projet américain vise à rétablir le dialogue entre Alger et Rabat, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis août 2021. Une rupture née du soutien du Maroc à Israël et de l’accusation par Alger d’« actes hostiles » liés à l’espionnage et à la question du Sahara occidental.

Malgré cette fracture, l’équipe Trump assure que le moment est « propice » à une relance des discussions. Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, a déclaré que « les Algériens sont prêts à reconstruire des ponts de confiance avec le peuple et le gouvernement marocains », soulignant les « valeurs et intérêts communs » des deux nations.

Une échéance clé aux Nations unies

Cette initiative américaine intervient à un moment diplomatique crucial. Fin octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer sur le renouvellement du mandat de la MINURSO, la mission onusienne déployée depuis 1991 pour organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.

Mais en plus de trente ans, aucune consultation n’a pu être menée, les parties restant irréconciliables sur le statut final du territoire.

Washington confirme son soutien à Rabat

En 2020, sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis avaient officiellement reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental une décision qui avait marqué un tournant historique dans ce conflit. Depuis, l’Espagne, l’Allemagne et Israël ont également appuyé le plan d’autonomie proposé par Rabat, décrit comme « sérieux, crédible et réaliste ».

Des médias marocains affirment que le texte que prépare aujourd’hui l’administration Trump irait dans la même direction, consolidant la reconnaissance américaine et appelant à un accord politique global sous médiation américaine.

Pour de nombreux observateurs, la démarche américaine vise autant à stabiliser le Maghreb qu’à renforcer l’influence de Washington dans une région stratégique convoitée par la Chine, la Russie et la Turquie.

Mais l’initiative ne fait pas l’unanimité : Alger refuse toujours toute solution qui ne garantirait pas le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, tandis que Rabat considère le Sahara comme une partie intégrante du royaume.

Entre ambitions diplomatiques, rivalités régionales et calculs électoraux américains, le « deal » annoncé par Trump a toutes les chances de devenir l’un des tests les plus délicats de sa présidence.

Paul Lamier Grandes Lignes