Rubio met la pression à Paris, Poutine temporise, l’Europe sur le fil
L’Amérique pourrait bien tourner la page. C’est en tout cas ce que laisse entendre Marco Rubio. Le secrétaire d’État américain a déclaré à la presse, en marge de sa visite à Paris, que Washington décidera “dans les prochains jours” s’il est encore possible de faire avancer les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine. À défaut, “il faudra passer à autre chose”, a-t-il tranché.
Un signal fort et menaçant envoyé à Kiev et à ses alliés.
L’objectif immédiat de Donald Trump : obtenir un cessez-le-feu de 30 jours. Mais en coulisse, l’impatience grandit. Selon Rubio, Trump a “consacré 87 jours à tenter de mettre fin à la guerre” depuis son retour à la Maison Blanche. L’échec de ces tentatives pourrait désormais aboutir à un désengagement diplomatique américain.
L’Europe mise sous pression
À Paris, les Américains ont présenté à leurs homologues européens et ukrainiens un “cadre général” de paix. Sans en dévoiler les détails, Rubio a décrit des discussions “constructives”, mais averti : la fenêtre se referme. L’Europe — principal levier d’influence sur Zelensky — est priée d’agir vite. Trump, lui, se montre beaucoup plus critique vis-à-vis du président ukrainien que de Vladimir Poutine, qualifiant ce dernier d’“ami” durant son premier mandat.
Le Kremlin joue la montre
Moscou ne se presse pas. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a reconnu “des progrès”, tout en soulignant que “de nombreuses discussions difficiles” restaient à venir. Sur le terrain, les frappes russes se poursuivent, malgré l’expiration d’un moratoire informel sur les infrastructures énergétiques. Un cessez-le-feu même temporaire reste donc incertain.
Kiev dans l’incertitude
Du côté ukrainien, les propos de Rubio ont provoqué la stupeur. Mykhailo Samus, analyste basé à Kiev, y voit “une reconnaissance d’impuissance de Trump” et craint un affaiblissement de l’accord stratégique signé la veille avec les États-Unis. Cet accord, centré sur la coopération économique et l’accès aux ressources stratégiques, semble contradictoire avec un retrait politique.
Prochain round à Londres
Une nouvelle réunion est prévue la semaine prochaine dans la capitale britannique. Mais Rubio prévient : il n’y participera que si elle débouche sur du concret. Pour l’instant, les exigences de Moscou abandon des territoires occupés et renoncement à l’OTAN restent non négociables pour l’Ukraine.
Une guerre de trois ans à un tournant
Plus de trois ans après le début du conflit, les lignes bougent. La paix paraît toujours lointaine. Mais la posture américaine évolue : ce n’est “pas notre guerre”, insiste Rubio. Le message est clair : l’Ukraine ne peut plus compter indéfiniment sur Washington.