Le week-end pascal n’a pas apporté l’apaisement espéré. Alors que Moscou avait annoncé un cessez-le-feu de 30 heures à l’occasion des fêtes religieuses, Kyiv accuse les forces russes d’avoir poursuivi leurs offensives. De son côté, Moscou renvoie la responsabilité à l’Ukraine, dans un jeu d’accusations croisées devenu quasi rituel.
Dimanche matin, Volodymyr Zelensky a dénoncé plus de 380 tirs d’artillerie, 19 assauts et près de 300 attaques de drones dans les dernières 24 heures, mettant en doute la sincérité de l’engagement russe. Il a proposé, malgré tout, une extension du cessez-le-feu sur 30 jours, soulignant que la trêve était partiellement respectée dans certaines zones.
Moscou, via son ministère de la Défense, affirme de son côté avoir été la cible de centaines de drones ukrainiens, notamment dans la région de Kherson. Les autorités pro-russes y ont accusé Kyiv d’avoir violé l’accalmie annoncée.
Ce climat tendu intervient alors que Donald Trump, principal artisan d’une tentative de médiation entre les deux pays, menace de se retirer des efforts de paix si aucun progrès tangible n’est enregistré. Un nouveau signe que l’équilibre diplomatique est plus fragile que jamais.
Un échange de prisonniers inédit en pleine crise
Malgré cette trêve contestée, un important échange de prisonniers s’est déroulé samedi. Il s’agit du plus vaste depuis le début du conflit. Environ 277 militaires ukrainiens ont été rendus par la Russie, tandis que 246 soldats russes ont été rapatriés.
Dans les rues de Chernihiv, la scène était poignante. Des familles attendaient leurs proches libérés après plusieurs années de captivité. Ihor Lohvynchuk, 23 ans, capturé lors de la bataille de Marioupol, a retrouvé sa mère après plus de 1 100 jours de détention. Amaigri, épuisé, il a résumé la douleur de sa longue captivité d’une voix à peine audible : « Nous sommes revenus, mais nous ne sommes pas encore là. »
Une paix toujours hors de portée
Cet échange massif, médiatisé par les Émirats arabes unis, montre que des canaux de communication demeurent entre les deux camps. Mais il ne suffit pas à masquer la défiance persistante. Depuis février 2022, 4 552 Ukrainiens auraient été libérés des prisons russes, alors que des milliers d’autres restent encore portés disparus ou détenus.
Les propositions de cessez-le-feu pascales s’étaient déjà soldées par des échecs lors des années précédentes. En 2022, Moscou avait rejeté une initiative de l’ONU. En 2023, c’est l’Ukraine qui avait décliné une offre du patriarche Kirill, perçue comme une manœuvre de diversion.
Le fragile cessez-le-feu de ce week-end n’échappe pas à cette logique de méfiance. Et malgré les gestes symboliques, comme l’échange de prisonniers, la paix semble toujours hors de portée.