Donald Trump a frappé un nouveau coup sur le terrain migratoire et économique. Le 19 septembre, le président américain a signé un décret faisant passer le prix annuel du visa H-1B indispensable aux professions spécialisées dans la tech à 100 000 dollars (85 000 euros). Une mesure qui vise clairement les géants du numérique et, en premier lieu, les travailleurs indiens, principaux bénéficiaires de ce programme.
Le visa H-1B, désormais réservé à “l’élite”
Jusqu’ici facturé quelques milliers de dollars, le visa H-1B était utilisé par des entreprises comme Amazon, Google ou Tesla pour recruter des informaticiens et ingénieurs qualifiés, principalement en provenance d’Inde. En 2024, 71 % des bénéficiaires étaient indiens. Limité à 85 000 attributions par an, ce dispositif permettait à la Silicon Valley d’alimenter son vivier de talents.
Désormais, avec un tarif multiplié par vingt, Donald Trump entend réserver ce visa à des profils jugés “vraiment exceptionnels”, selon ses propres mots, et obliger les entreprises à privilégier le recrutement local.
Un choc pour l’Inde et les start-up américaines
Si la mesure cible directement les géants de la tech, elle frappe aussi les petites entreprises et start-up américaines, déjà en difficulté pour trouver des talents qualifiés. Pour beaucoup d’entre elles, 100 000 dollars par an est une somme impossible à supporter. Les avocats spécialisés estiment que cela pourrait être “le coup de grâce” pour des secteurs déjà fragilisés.
Pour l’Inde, l’impact est tout aussi direct : chaque année, des milliers d’ingénieurs informatiques et spécialistes des nouvelles technologies franchissaient les portes de la Silicon Valley grâce à ce visa. Désormais, cette voie leur sera pratiquement fermée.
Une “gold card” pour les super-riches
En parallèle, le président américain a annoncé la création d’une “gold card” fixée à un million de dollars, une carte de séjour destinée aux super-riches souhaitant s’installer aux États-Unis. Objectif affiché : attirer uniquement les profils les plus fortunés et les plus influents.
“Nous n’accepterons que les personnes exceptionnelles, celles qui se trouvent tout en haut de l’échelle”, a affirmé le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, à l’origine de la mesure. Pour Donald Trump, cette politique restrictive doit renforcer la compétitivité américaine et limiter l’immigration jugée “non désirée”.
Entre protectionnisme et risque d’isolement
Ce durcissement illustre la ligne adoptée par l’administration Trump : réduire l’immigration qualifiée pour défendre l’emploi local, tout en ouvrant grand les portes aux investisseurs milliardaires. Mais cette stratégie pourrait fragiliser l’innovation et accentuer la dépendance des États-Unis face à une concurrence mondiale qui, elle, attire toujours plus de talents.
Paul Lamier Grandes Lignes












